Le gouvernement pourrait complètement manquer l'objectif poursuivi à travers la politique de zéro artificialisation nette des sols (ZAN). Alors que la pression monte sur les mesures avancées par les Etats pour limiter le réchauffement climatique, l'exécutif tricolore a redoublé d'efforts ces derniers jours à la COP28 pour faire bonne figure. Le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, a enjoint les pays riches du G7 à donner l'exemple et à cesser de brûler du charbon d'ici 2030, rappelant que la France fermerait ses dernières centrales au charbon, maintenues en activité avec la crise énergétique, avant 2027.
Mais derrière ces discours à l'international, les ambitions tricolores sur la lutte contre le réchauffement climatique et la préservation des sols pourraient être remises en question. Dans un baromètre réalisé par OpinionWay pour le compte de CCI France, La Tribune et LCI, 69% des entreprises déclarent qu'elles ne savent pas ce que désigne l'objectif du zéro artificialisation nette (ZAN). À l'opposé, 31% affirment qu'elles ont eu connaissance des buts de ce dispositif.
Dans le détail, seuls 11% des sondés estiment connaître le ZAN suffisamment et 20% jugent avoir une connaissance insuffisante. Interrogés sur le soutien ou non apporté à ce texte, 87% affirment y être favorables. A l'inverse, 9% déclarent y être opposés. Pour rappel, la loi Climat votée en 2021 fixe deux objectifs précis : le rythme d'artificialisation des terres doit être divisé par deux sur la décennie 2021-2031 et la France doit parvenir à un rythme de zéro artificialisation nette d'ici 2050.
Les entreprises de la construction ou le commerce décontenancées
Parmi les autres chiffres frappants de ce sondage, figure la forte proportion d'entreprises dans la construction (74%) ou le commerce (75%) affirmant ne pas connaître les enjeux de la ZAN. Dans l'industrie, le pourcentage est certes inférieur (54%). Il demeure toutefois spectaculaire au regard des enjeux. En effet, le gouvernement ne cesse de mettre en avant la nécessité de réindustrialiser l'Hexagone depuis plusieurs années.
Lors des débats sur la loi industrie verte votée il y a quelques semaines, les ministres locataires de Bercy ont d'ailleurs mis l'accent sur les problématiques de foncier pour implanter de nouvelles usines ou faire des extensions. Force est de constater que de nombreux dirigeants du secteur n'ont pas forcément été sensibilisés sur les tous les enjeux de l'artificialisation des sols.
De quoi mettre en lumière le décalage entre la communication officielle et les informations reçues et perçues par les patrons, pourtant en première ligne sur ces questions. Interrogés sur les conséquences du ZAN, seules 13% des entreprises sollicitées répondent qu'elles seront affectées. A l'opposé, 34% indiquent qu'elles ne subiraient aucune répercussion. En clair, leur entreprise pourrait poursuivre ses projets. Enfin, 53% soulignent qu'elles n'ont pas de projet d'implantation.
L'optimisme des entreprises en légère baisse
Outre l'enjeu de l'artificialisation des sols, le baromètre réalisé par OpinionWay s'attarde sur le moral des entrepreneurs, entamé par le coup de frein de l'économie tricolore. Après avoir légèrement progressé au mois d'octobre (81), l'indicateur qui mesure la confiance des entreprises à l'égard de l'économie a fléchi au mois de novembre (79). Depuis l'éclatement de la guerre en Ukraine en février 2022, la confiance des entreprises n'a jamais retrouvé son niveau de référence (100). La crise énergétique et le resserrement de la politique monétaire (BCE) ont considérablement assombri les perspectives des dirigeants des ménages.
Confrontées à des difficultés d'offre pendant la pandémie, les entreprises font désormais face à une demande en berne. De nombreuses entreprises et de ménages ont appuyé sur le frein des investissements et de la consommation. La croissance du PIB tricolore a fait quasiment du surplace au troisième trimestre. Et la fin d'année s'annonce difficile. L'OCDE a récemment révisé à la baisse ses prévisions de croissance à 0,8% en 2024, contre 1,2% auparavant.
(*) Étude réalisée auprès d'un échantillon de 1.016 dirigeants d'entreprises comptant au moins un salarié. L'échantillon a été interrogé par téléphone. Les interviews ont eu lieu du 15 au 22 novembre 2023.