![Guillaume Kasbarian est ministre du Logement depuis le 8 février 2024.](https://static.latribune.fr/full_width/2373622/kasbarian.jpg)
Les Tanguy, le retour. Non, il ne s'agit pas du troisième volet de la série de films d'Etienne Chatiliez avec André Dussollier, Sabine Azéma et Eric Berger dans le rôle-titre, mais de l'intitulé de l'enquête de la Fondation Abbé Pierre. Selon l'association de lutte contre le mal-logement, qui s'appuie sur la dernière « Enquête nationale Logement » de 2020, environ 4.92 millions d'adultes vivaient en effet chez leurs parents en 2020 contre 4,67 millions en 2013, en majorité des 18-24 ans (+13,5%).
Ce phénomène reflète avant tout « le plus grand nombre de jeunes en France, les enfants du ''baby-boom de l'an 2000'' arrivant progressivement à l'âge adulte » déclare la Fondation Abbé Pierre. Mais elle est aussi un « signal supplémentaire (...) de la gravité de la crise du logement des jeunes », estime l'ONG en appelant à « des politiques du logement plus volontaristes, en particulier en direction des jeunes précaires ».
Des dispositions nouvelles dans le budget 2025
Des jeunes auxquels le gouvernement souhaite répondre. Auditionné hier par la commission des Affaires économiques du Sénat sur son projet de loi en faveur du logement abordable, le jeune ministre (37 ans) a promis des solutions pour ce public dans le cadre du budget 2025.
« Il pourra y avoir des dispositions nouvelles qui permettraient de donner un coup de pouce aux jeunes qui souhaitent accéder à la propriété mais qui ne le peuvent pas du fait de la hausse des taux d'intérêt et qui ont besoin d'un pécule, éventuellement, pour commencer le prêt et avoir un apport supplémentaire qui réduit la facture bancaire », a fait savoir Guillaume Kasbarian, à l'évocation de la prochaine loi de finances.
Dans le cadre de ce texte gouvernemental qui arrivera en Conseil des ministres au plus tôt en septembre prochain, « ces types de mécanismes qui permettraient de donner un pécule et de créer des mesures intergénérationnelles au sein des familles sont des mesures à l'étude », a ajouté le ministre du Logement.
Des pistes déjà poussées par la droite et les promoteurs en 2023
Une piste déjà poussée l'an dernier par les Républicains lors de la présentation de leur contre-budget 2024. En l'occurrence : une baisse de la fiscalité pour faciliter la transmission et la solidarité entre les générations, moyennant un coût de 2 milliards d'euros. A savoir passer le délai minimum entre deux donations exonérées de 100.000 euros de 15 à 10 ans et porter l'abattement en ligne directe de 100.000 à 150.000 euros.
Ou encore à titre exceptionnel, entre le 1er janvier 2024 et le 31 décembre 2025, le parti politique de la droite républicaine propose de permettre à chaque parent ou grand-parent de faire une donation supplémentaire exonérée de droits jusqu'à 100.000 euros au cours de ces deux années pour aider les nouvelles générations à acheter leurs résidences principales ou à financer la rénovation thermique de leurs logements.
Une proposition qui n'avait pas été retenue par le gouvernement, d'autant qu'il y a quasiment un an jour pour jour, Bercy avait retoqué une idée similaire poussée par la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), à savoir relancer l'exonération temporaire des droits de succession en cas d'achat d'habitats neufs. Une mesure déjà éprouvée par le gouvernement d'Edouard Balladur il y a... trente-et-un ans.
« Afin de réduire rapidement le stock des logements neufs invendus, a institué, sous certaines conditions, une exonération partielle des droits de mutation à titre gratuit ou à titre onéreux normalement dus lors de la première transmission d'immeubles neufs ou en état futur d'achèvement acquis par acte authentique signé entre le 1er juin 1993 et le 31 décembre 1994 », est-il écrit à l'article 21 de la loi de finances rectificative pour 1993 du 22 juin de cette année-là.
« A l'époque, ça avait très bien marché. Aussitôt que vous vendez un logement, le gouvernement encaisse 20% de TVA », assurait, à l'époque à La Tribune, le président de la FPI, Pascal Boulanger.
Un cadre des finances publiques très contraint en 2023...
Sauf que tout ne s'est pas passé comme il l'aurait espéré. Invité à une table-ronde organisée par le groupe Les Républicains de l'Assemblée nationale le 31 mai 2023, le porte-parole des professionnels du logement neuf avait témoigné d'une fin de non-recevoir du ministre de l'Economie et des Finances.
Alors que les conclusions du conseil national de la refondation (CNR) dédié au logement allaient être dévoilées dans la soirée du 5 juin, Bruno Le Maire « ne se sent pas l'âme de porter ce dispositif », affirmait Pascal Boulanger.
« Compte tenu de la situation très tendue du secteur de l'immobilier, les ministres ont voulu écouter les professionnels », assurait le cabinet du patron de Bercy à La Tribune. Malgré tout, le ministre de l'Économie et des Finances avait fermé la porte à la proposition de la FPI en rappelant « le cadre des finances publiques très contraint dans lequel les solutions pouvaient être trouvées ».
... et en 2024
Sachant que Bruno Le Maire est toujours en quête d'économies, quelles annonces fera l'exécutif à la rentrée prochaine ? Toujours est-il qu'au Sénat, son collègue Guillaume Kasbarian a enfin admis, ce 15 mai, que « la crise du logement [était] une crise de l'emploi et de toute l'économie avec des impacts sociaux délétères ». Et de lâcher que cette situation « pèse sur notre trajectoire de réindustrialisation et de croissance ».
« Les investissements annoncés à Choose France ne pourront se faire sans construction rapide de logements. Le logement est une condition nécessaire à la réindustrialisation », a encore martelé le ministre du Logement.
Guillaume Kasbarian en sait quelque chose: avant de rejoindre le gouvernement de Gabriel Attal en janvier, il a été le rapporteur spécial du projet de loi relatif à l'industrie verte sous son béret de président de la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale.
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