Brexit : en quittant l'UE, le Royaume-Uni peut-il redevenir un champion du libre-échange ?

Dès la sortie de l'UE effective vendredi, le gouvernement aura à coeur de montrer qu'il tient la promesse faite depuis le vote sur le Brexit en 2016 de "reprendre le contrôle" de sa politique commerciale. Reste qu'il n'est pas certain que le pays parvienne à compenser ce qu'il perdra en sortant de l'UE.
À défaut d'accord commercial, les relations économiques entre Bruxelles et Londres seraient régies par les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) avec le retour des droits de douane.
À défaut d'accord commercial, les relations économiques entre Bruxelles et Londres seraient régies par les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) avec le retour des droits de douane. (Crédits : Reuters)

En s'éloignant de l'UE, le Royaume-Uni entend redevenir le champion du libre-échange en négociant des accords tous azimuts, mais ce projet pourrait s'avérer périlleux.

"Nous croyons passionnément au libre-échange", a martelé le ministre des Finances Sajid Javid, lors du forum de Davos.

Dès la sortie de l'UE effective vendredi, le gouvernement aura à coeur de montrer qu'il tient la promesse faite depuis le vote sur le Brexit en 2016 de "reprendre le contrôle" de sa politique commerciale.

"Dès le 31 janvier, nous allons travailler avec nos amis et partenaires à travers le monde", a promis le Premier ministre Boris Johnson, l'un des principaux artisans du Brexit.

Son gouvernement a musclé ses équipes pour être en mesure de négocier en parallèle avec les États-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Japon.

Faire des choix ?

La priorité devrait être donnée à l'Union européenne avec la volonté de conclure un vaste accord courant 2020, même si Bruxelles assure qu'il faudra faire des choix face à un délai si court.

Lire aussi : Brexit: à la recherche d'un impossible accord commercial

Les enjeux sont énormes puisqu'avec le Brexit, le Royaume-Uni sort du marché unique européen et de l'Union douanière. Or, l'UE pèse près de la moitié du commerce extérieur britannique, essentielle à des secteurs comme l'automobile, l'alimentaire ou la pharmacie.

Sajid Javid a sobrement appelé les entreprises à "s'adapter", tandis que Michel Barnier, négociateur principal de l'UE, a averti des risques de "précipice" si les deux parties ne trouvent pas un compromis d'ici la fin de l'année.

À défaut d'accord commercial, les relations économiques entre Bruxelles et Londres seraient régies par les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) avec le retour des droits de douane.

Le plus probable est que le pays décroche un accord de libre-échange limité, garantissant zéro droits de douane et zéro quotas "en échange de règles du jeu équitables" pour un ensemble de produits, ainsi qu'une "feuille de route pour de futures négociations", estime Gabriel Siles-Brügge, professeur de sciences politiques à l'Université de Warwick.

En parallèle, des compromis sur la pêche et la sécurité, voire les services financiers devront être trouvés.

Londres entend regarder au-delà du continent et notamment vers les États-Unis, qui comptent cependant pour moins de 12% de son commerce extérieur.

Le secrétaire au Trésor de Donald Trump, Steve Mnuchin, s'est dit "optimiste" sur un traité qu'il aimerait voir bouclé fin 2020, même si des sujets sensibles comme l'autorisation partielle de donnée au chinois Huawei dans la 5G au Royaume-Uni ou les différends sur les normes alimentaires pourraient perturber les discussions.

"Irréaliste"

"Négocier de multiples accords commerciaux en même temps c'est comme jouer aux échecs en trois dimensions", prévient Jill Rutter du centre de recherche The UK in a Changing Europe. "Il y aura des arbitrages difficiles", selon elle.

L'Observatoire de la politique commerciale britannique de l'Université de Sussex juge de son côté "irréaliste" la promesse des Conservateurs de décrocher des accords couvrant 80% du commerce extérieur britannique d'ici trois ans.

Le pays doit renégocier les 40 traités commerciaux dont il bénéficiait dans le cadre de l'UE. Il est déjà parvenu à en renouveler 20 mais pas encore ceux d'incontournables partenaires comme le Canada et le Japon. Avec ces derniers, il pourrait toutefois se contenter de reproduire les compromis existants avec l'UE.

"Le Royaume-Uni veut montrer des résultats après le Brexit et il est probable qu'il accélère les discussions avec de nombreux pays. Le Japon pourrait être le premier accord majeur signé", anticipe Mitsuo Fujiyama, économiste au Japan Research Institute.

Dans un second temps, Londres devrait aussi engager des discussions avec des pays africains, continent où l'ex-puissance coloniale veut se faire à nouveau entendre.

Un potentiel accord avec la Chine, deuxième puissance économique mondiale, ne semble toutefois pas en tête des priorités. Il faut dire que peu de pays occidentaux ont réussi à en conclure et celui arraché récemment par les États-Unis l'a été au terme d'un douloureux bras de fer.

Reste qu'il n'est pas certain que le pays parvienne à compenser ce qu'il perdra en sortant de l'UE.

Le gouvernement conservateur reconnaissait lui-même dans des documents publiés fin 2018 qu'en cas d'accord de libre-échange limité avec l'UE, le produit intérieur brut serait amputé de 4,9% d'ici 2034 par rapport à l'absence de Brexit.

Lire aussi : Brexit : quelles sont les prochaines étapes avant le grand départ ?

Commentaires 24
à écrit le 30/01/2020 à 22:04
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Le bilan nous l'aurons dans 5 ans.Aujourd'hui, tout n'est que supposition ou spéculation. Si nous restons sur le factuel, Il n'y a à ce jour aucun indice qui puisse laisser supposer ce que vous avancez avec en filigrane une certaine délectation.

à écrit le 30/01/2020 à 4:49
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Ceux qui pensent au chaos du RU se trompent. Liberee de ses chaines, les investisseurs vont se ruer en Angleterre.

le 30/01/2020 à 18:59
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Restons calmes matin calmes, Le bilan c'est dans 5 ans. Prenons date. Aujourd'hui, tout n'est que supposition ou spéculation. Le factuel et rien que le factuel. Il n'y a à ce jour aucun indice qui peut laisser supposer ce que vous avancez avec en fil...

à écrit le 29/01/2020 à 20:39
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Bon , les fans du Brexit qui passent leur temps à critiquer le néolibéralisme, le libre-échangisme et le mondialisme de l'UE de Bruxelles vont applaudir la liberté retrouvée du royaume-uni . Là où c'est ironique c'est que nos amis brittaniques ont to...

à écrit le 29/01/2020 à 15:53
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L'EXPLOSION DE LA PAUVRETÉ DANS L'UE.. L'Allemagne se prépare à l'arrivé d'une pauvreté de masse. Les camps de migrants au nord de Paris se transforment en Bidonville Le bâtiment du Conseil européen aurait été construit par des sans-papiers N...

à écrit le 29/01/2020 à 14:43
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L' UPR a mis en évidence le jeu de dupes entre tous les rouages d'une dictature sou couvert "démocratique" et tous les «représentants » du peuple. Les groupes d’influences ( lobby) européen sous le commandement des states qui s' adresse à l' UE c...

le 29/01/2020 à 15:26
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Pourquoi vous partez pas en Angleterre avec votre secte UPR qui fait 1% des votes? Vous pourriez raconter vos non sens dans les pubs.

le 29/01/2020 à 15:43
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@LeLoup Pourquoi vous radicaliser ? Vous venez nous parler de la secte des 28 commissaires non élus qui disposent à la fois de l' exécutif et du législatif alors que la souveraineté, la liberté, la démocratie et la paix évaporées vous...

le 29/01/2020 à 16:47
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Réponse @ Gédéon... L'UPR n'effraie personne tant qu'ils font des réunions politiques à trois personnes ( mais cent trente pseudos sur ce forum :-) qui déblatèrent toujours les mêmes non sens.

le 29/01/2020 à 20:08
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@Leloup Cassez définitivement votre mauvaise humeur, soyez tendance car quand les partis s' effritent les uns après les autres, l' UPR monte, cessez de vous marginaliser, rejoignez-nous. Happy new year, don' t worry, be happy ...

à écrit le 29/01/2020 à 14:19
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Amusant de lire les commentaires de ceux qui fustigent le libre échange au sein de la CE et qui applaudissent des deux mains le libre échange voulu par Johnson qui veux faire un " Singapour aux portes de l'Europe ". Du grand n'importe quoi !

le 29/01/2020 à 15:29
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On rappellera quand même qu'il n'y a pas si longtemps, les français avaient voté non à la Constitution Européenne. Et un non encore plus franc que celui du Brexit...

à écrit le 29/01/2020 à 14:09
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"compenser ce qu'il perdra en sortant de l'UE" qui croit une seconde que l'Europe sert à quoi que soit ? Cette idée vient d'une autre époque, c'est gros, gras, remplis d'inutiles, créateurs de normes bidons ... Toute cette mascarade est pitoyable....

à écrit le 29/01/2020 à 13:42
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Les anglais vont faire la démonstration qu'ils seront gagnants d'avoir quitté l'UE , cette monstruosité technocratique composée de pays ayant des intérêts divergents.

à écrit le 29/01/2020 à 13:24
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Champion du libre échange, donc, ce n'est qu'un jeu récompensé par une palme? Ou est-ce au contraire une logique pourvue d'intelligence ou pas? Pour les personnes physiques, il y a l'indispensable quotidien qui devrait être produit sur notr...

à écrit le 29/01/2020 à 13:10
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une reussite anglaise signe la fin de l'europe voila la peur des autres dirigeants meme m macron les peuples demanderons les explications

à écrit le 29/01/2020 à 12:55
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Pourquoi autant d'inquiétude pour quelqu'un qui veut prendre ses responsabilités? Auriez vous peur de sa "bombe atomique"?

à écrit le 29/01/2020 à 12:19
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Pour les Anglais, le libre échange, c'est la liberté de faire n'importe quoi, n'importe comment, si cela peut leur rapporter. La concurrence, ils ne l'entendent que dérégulée, minimum de normes, dumping social, fiscal... l'UE ne doit pas leur facilit...

à écrit le 29/01/2020 à 11:33
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L'avenir de l'Europe ! Le retour à la souveraineté nationale : un pays, des frontières, une armée indépendante, une monnaie le Franc.

le 30/01/2020 à 8:30
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Et la guerre. L'union Européenne a été crée à la base pour que les pays discutent ensemble un projet commun et éviter ainsi une nouvelle guerre. L'UE est peut-être imparfaite mais a un poids économique que chaque pays séparé n'aura jamais dans les n...

à écrit le 29/01/2020 à 11:18
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L'urgence absolue pour le RU est un accord de libre échange total avec l'UE pour toute la filière automobile, équipementiers compris, sinon l'essentiel de l'industrie automobile britannique (Nissan, Toyota, Honda, Mini, Land Rover, Jaguar, Opel-Vauxh...

à écrit le 29/01/2020 à 11:05
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En effet c'est un choix mais devant lequel une nation puissante ne devrait pas hésiter, surtout avec l'exemple dramatique de l'échec européen avéré: "Un Loup n'avait que les os et la peau ; Tant les Chiens faisaient bonne garde. Ce Loup ...

le 29/01/2020 à 13:04
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Bravo! mais l'union faits la force....

le 30/01/2020 à 9:50
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L'union des peuples européens pourrait faire une force d'une puissance inimaginable mais l'europe des banquiers actuelle elle, n'a absolument aucune puissance ,ce n'est qu'un tas de compromis seulement imposés pour la cupidité de quelques uns. Il...

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