Iran : "opération séduction" pour les entreprises françaises

En visite officielle à Paris depuis mercredi, le président iranien, Hassan Rohani, multiplie les rencontres avec les acteurs du monde de l'entreprise. La France s'ouvre à un Iran "redevenu fréquentable" avec le désir de signer le maximum de contrats.
Sarah Belhadi
A la faveur de la levée des sanctions internationales, l'Iran s'ouvre aux entreprises occidentales Paris compte bien y prendre sa part dans un maximum de secteurs d'activités. Sur la photo, le président iranien avec son homologue français dans la Cour de l'Elysée, le 28 janvier.

Les déclarations avaient presque des allures de réconciliation amoureuse. D'un côté comme de l'autre. "La France et l'Iran se retrouvent, et je dis bien se retrouvent", insiste Manuel Valls, le Premier ministre, dans l'auditorium du Medef, qui organise les premières rencontres économiques franco-iraniennes. A ses côtés, Hassan Rohani, le président iranien, rappelle ô combien la France est un partenaire de qualité, et sa "fierté" de travailler de nouveau avec notre pays. Faisant fi de ces dernières années, il appelle à "oublier les rancœurs", et se dit prêt à "tourner la page", assurant au passage "ne pas avoir d'inquiétude sur la collaboration avec la France" contrairement "à certains pays". Seul Mohsen Jalalpour, président de la Chambre d'Industrie et du Commerce iranien, s'est risqué à rappeler que les relations entre Paris et Téhéran étaient encore tumultueuses, il y a peu.

Au siège du Medef, il n'est pas question de gâcher de telles retrouvailles. Pierre Gattaz, le patron des patrons, mène également une opération séduction. "Nous mesurons le caractère historique de votre visite", lance-t-il à un président iranien, de marbre face à ce concert de louanges. Qu'importe. Pour nombre d'entreprises hexagonales, l'Iran représente un eldorado. "Le dernier des marchés émergents", insistent les commentateurs. "Il est stratégique pour la France d'aller chercher la croissance là où elle se trouve", martèle Pierre Gattaz devant le gratin des patrons français.

La course aux contrats

Depuis plusieurs mois, le gouvernement et le Medef labourent le terrain. Fin septembre, 130 entreprises françaises -dont PSA, Total, et Airbus- se sont rendues à Téhéran et à Mashad, la deuxième ville du pays. Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et Matthias Fekl, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur faisaient également partie de la délégation.

Ce jeudi, la France a annoncé la signature de contrats majeurs. Presque quatre ans après son retrait, Carlos Tavares, le président du directoire de PSA, officialise le retour du groupe sur le marché iranien, sous la forme d'une co-entreprise avec Iran Khodro. Le français produira des modèles de Peugeot 2008, 208 et 301, à compter du second semestre 2017. Guillaume Pépy, le PDG de la SNCF, a quant à lui signé un protocole de coopération avec les chemins de fer iraniens (RAI) pour développer -entre autres- l'exploitation des gares du pays. La compagnie publique française apportera également son expertise pour le nouveau programme de lignes à grande vitesse. Le groupe français d'ingénierie industrielle Fives doit aussi apporter son expertise à un pays aux infrastructures d'un autre temps.

La richesse pétrolière du pays aiguise l'appétit des géants du secteur. En fin de matinée, c'est Total qui a annoncé la signature d'un contrat pour acheter du brut iranien, "entre 150.000 barils et 200.000 barils par jour de brut", a précisé le PDG du géant pétrolier, Patrick Pouyanné. D'autres secteurs pourraient attirer les investisseurs. A commencer par les télécoms. L'Iran, qui totalise 80 millions d'habitants, en compte 47 millions connectés à internet. "Il existe donc une opportunité de développement", insiste Farhad Sharif, vice-président en charge des affaires internationales de la Chambre de commerce de Téhéran.

Coopération universitaire

La France lorgne aussi une jeunesse iranienne très diplômée, et un monde de la recherche salué à l'international. Le pays occupe d'ailleurs le 17e rang mondial sur 40 dans le classement mondial de la production d'articles scientifiques, rappelle Farhad Sharif. Paris a parfaitement conscience de cette richesse. Et compte bien en profiter.

Au Medef, après avoir insisté sur la volonté des entreprises françaises d'être partenaires de l'Iran, Manuel Valls a dit vouloir offrir "le meilleur" en termes "de formations" et de "coopérations universitaires". "La France est prête à intensifier les échanges universitaires avec l'Iran", a déclaré le Premier ministre qui souhaite mettre en place des partenariats pour que "nos universités et grandes écoles retrouvent le chemin de Téhéran".

Toutefois, malgré les appels du pied de la France -côté gouvernement et dans le monde de l'entreprise-, Paris doit aussi composer avec l'Italie. Selon la presse italienne, 17 milliards d'euros de contrats ont été signés lors de la visite du président Rohani le 27 janvier. Juste avant de venir à Paris. Avant les sanctions, l'Italie était le premier partenaire économique et commercial de l'Iran, avait souligné il y a quelques mois la ministre italienne du Développement économique, Federica Guidi.

<<< LIRE AUSSI : Iran : les entreprises françaises à l'assaut de la "Chine du Moyen-Orient"

Sarah Belhadi

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 28/01/2016 à 23:10
Signaler
Début de normalisation avec ce pays à la culture millénaire et extraordinaire et déjà de beaux contrats, what else? Pourquoi pas espérer un rôle plus positif dans les tensions internationales de ĺ iran notamment au Liban, pays si meurtri et si cher à...

à écrit le 28/01/2016 à 20:08
Signaler
Hollande va faire son marché, pourvu que cela ne soit pas un marché de dupe comme en Inde!!! L'Iran ce grand Pays qui n'était pas très recommandable il y a peu, se trouve digne de toutes les attentions aujourd'hui. La puissance n'est plus dans les ma...

à écrit le 28/01/2016 à 18:26
Signaler
Un grand risque que de faire affaires avec Hollande, car au-delà des rancoeurs, il y a aussi la possibilité d'une annulation de contrat (exemple, les Mistral). Mais bon, Hollande a besoin de redorer son blason en France et il va se faire un maximum d...

à écrit le 28/01/2016 à 18:20
Signaler
Il faut leur sortir le grand jeu:visite touristique et gastronomique de Paris,visites de la Tour Eiffel ,du Louvre,soirée au Crazy Horse avec champagne a volonté!La France doit séduire avec ses atouts pour remporter le maximum de contrats.

le 29/01/2016 à 12:33
Signaler
@Hollande 2017: tu as oublié le petit salé aux lentilles :-)

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.