Les États américains toujours sans réponse face à la crise au Venezuela

L'Assemblée générale de l'Organisation des Etats américains (OEA) qui a débuté le 20 juin et s'achève aujourd'hui aura été centrée sur la crise au Venezuela. Après trois jours de discussions, aucun compromis n'a été trouvé et les Etats membres n'ont pas caché leur déception.
Les 35 Etats membres de l'OEA se sont donnés rendez-vous du 19 au 21 juin pour leur Assemblée Générale annuelle. La question du Venezuela a été le principal sujet abordé et occasionné des débats houleux entre la représentante vénézuelienne et les représentants des autres Etats.

La 47ème Assemblée générale de l'OEA qui s'est ouverte hier aura rarement connu autant de tensions lors des différentes discussions portant principalement sur la situation au Venezuela, en proie à une crise économique, sociale et politique majeure depuis plusieurs mois déjà avec des mouvements populaires très importants dans les rues de Caracas, la capitale.

Une pré-réunion sans accord

Dès lundi, avant le début de l'Assemblée générale, les 35 pays membres s'étaient donnés rendez-vous en amont pour aborder la question vénézuélienne. Peu avant l'ouverture de la réunion, lors d'une conférence de presse, le ministre mexicain des Affaires étrangères Luis Videgaray espérait que ce sommet soit un "véritable forum d'entente et de dialogue". Avec un texte préparé par les pays leaders - Pérou, Etats-Unis ou encore Mexique - et présenté pour des négociations seulement au dernier moment aux pays proches du Venezuela, les chances d'aboutir à un accord était toutefois minces. D'ailleurs, si dans la journée les Etats-Unis et le Mexique ont adouci la proposition de résolution pour satisfaire les pays considérés comme alliés de Caracas, cela n'a pas suffi : 20 pays ont voté en faveur de la proposition de résolution alors que 23 votes étaient nécessaires pour qu'elle puisse passer, avec 8 abstentions et 5 refus. Le Venezuela invoquant son départ de l'OEA - le processus ne devrait pas aboutir avant fin 2019 - ne s'est pas prononcé.

C'est déjà le second échec en quelques semaines pour l'OEA : lors de l'annonce par le président vénézuélien Nicolas Maduro de son intention de convoquer une assemblée constituante, plusieurs pays membres avaient dénoncé cette initiative. Lors d'une réunion qui avait lieu le 31 mai, les pays membres s'étaient quittés de façon précipitée car dans l'incapacité de s'accorder sur les termes d'une déclaration commune sur cette décision du président vénézuélien.

Accusations d'ingérence et tensions avec les États-Unis

L'Assemblée générale annuelle de l'OEA qui a débuté officiellement au lendemain de la réunion sur le Venezuela et le vote de la proposition n'a pas non plus amené d'avancées malgré le nombre important de débats et réunions consacrés au sujet. Dès que les représentants des pays membres abordaient la situation au Venezuela, la ministre des Affaires étrangères vénézuélienne et représentante de son pays lors des discussions affirmaient qu'il n'y a pas "de crise humanitaire ou de prisonnier politique dans le pays". Delcy Rodriguez a d'ailleurs rangé ses affaires et quitté un débat portant sur la nécessité de "maintenir la démocratie au Venezuela" comme le rapporte le site BuzzFeed.

"Le Venezuela répudie les déclarations intempestives et impertinentes du ministre des Affaires étrangères chilien Heraldo Munoz qui interfère dans les affaires intérieures du Venezuela."

A de nombreuses reprises, la représentante a réaffirmé que ce qu'il se passe au Venezuela est de son ressort et que toute intervention extérieure serait considérée comme de l'ingérence. Néanmoins le représentant américain John J. Sullivan a déclaré que le "principe de souveraineté d'un Etat ne devait pas signifier une inaction de l'Organisation". À ces propos, Delcy Rodriguez, la représentante du Venezuela a très sérieusement répondu que si les Etats-Unis souhaitaient faire appliquer une résolution éventuelle de l'OEA "ce serait en envoyant ses marines dans le pays". La tension est une nouvelle fois montée après qu'elle a ajouté qu'un "faux pas de cette ampleur amènerait à une réponse forte" de son pays.

Tout au long des discussions, le Venezuela a bénéficié du soutien de pays alliés qui ont réaffirmé leur attachement au principe de souveraineté des Etats. Ces pays parmi lesquels le Nicaragua affirment que l'OEA n'est en réalité qu'une organisation chargée de faire appliquer des politiques dictées par les Etats-Unis. Cette défiance vis-à-vis de l'organisation est d'ailleurs ce qui, depuis sa création, l'empêche parfois de mener à bien certains de ses projets.

 (Avec AFP et Reuters)

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