Une nouvelle fois, l'Éducation nationale veut « basculer dans le numérique »

C'est lundi que Jean-Michel Fourgous rend à Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale, son rapport sur la « promotion des technologies de l'information et de la communication dans l'enseignement scolaire » (« La Tribune » du 28 janvier 2010). Ce n'est pas un hasard si le député-maire UMP d'Élancourt (Yvelines) a été mandaté par le Premier ministre, François Fillon, en août dernier, pour cette mission et si la remise de sa copie a lieu sur ses terres. Élancourt est de fait la seule commune de France où 100 % des classes sont équipées de tableaux blancs interactifs (TBI) et chaque école d'une classe mobile (équipement informatique mobile). « Nous avons mis le paquet sur les TICE [technologies de l'information et de la communication pour l'éducation, Ndlr] il y a six ans », raconte Jean-Michel Fourgous. Depuis 2003, 3 millions d'euros ont été dépensés par la commune, dont un tiers à sa charge.Mais Élancourt reste une exception. Si plusieurs initiatives locales ont fleuri ces dernières années, la France reste à la traîne : elle ne pointe qu'au 10e rang européen en matière d'équipement et au 21e rang en matière d'usage des technologies en classe. Selon le dernier état des lieux du ministère, en décembre dernier, 17 départements affichaient un taux de généralisation des espaces numériques de travail (ENT) supérieur à 50 % des collèges, 29 départements étaient en phase de généralisation, 15 départements en expérimentation, les 39 départements restants étant en phase d'étude préalable, de réflexion ou sans projet. Quant aux lycées, les régions ne sont que cinq à avoir généralisé les ENT sur plus de 50 % des établissements, 12 régio étant en cours de généralisation. La France compte 20.000 TBI (1 tableau pour 2,5 écoles) , alors qu'il y en a 450.000 outre-Manche.Depuis peu, collectivités et gouvernement ont donc décidé de passer à la vitesse supérieure. Luc Chatel a ainsi porté, fin 2009, de 50 à 67 millions d'euros le financement du plan écoles numériques rurales (6.700 écoles seront équipées...). Et l'Ile-de-France a annoncé fin janvier l'équipement, pour 24 millions d'euros, de ses 471 lycées en environnements numériques de travail (ENT, portails Internet de services) d'ici à 2012.Faire de la France un pays référent en 2012La remise du rapport Fourgous doit être l'occasion pour Luc Chatel d'annoncer un « plan sans précédent » : « L'Education nationale doit basculer totalement dans l'ère du numérique », avait-il promis à la rentrée 2009, souhaitant faire de la France un « pays référent » en la matière en 2012. Cet objectif ambitieux passe notamment par la généralisation des ENT dans le secondaire. Mais pas seulement. Pas question de rééditer le plan « Informatique pour tous » de 1984 qui avait permis à Thomson, déjà en difficulté, de placer dans les écoles nombre de ses M05 et autres T07.... sans que les subsides nécessaires au personnels éducatif suivent. « Avec ce genre de politique, on investit dans du matériel qui devient vite obsolète, fait-on remarquer dans l'entourage du ministre. Il faut surtout renverser les usages. » Le rapport Fourgous, qui doit énoncer une douzaine de priorités, s'attache donc aussi à proposer une meilleure formation des enseignants et une organisation plus adaptée. « Nous avons élaboré une grille d'appropriation des TICE par les enseignants de 1 à 5. L'objectif est de voir comment amener les enseignants d'ici à 2 ans au niveau 5 », explique Jean-Michel Fourgous. Et selon lui, si « l'Etat doit donner des crédits d'impulsion, c'est surtout la partie immatérielle, à savoir la formation, qui est déclencheur. « C'est moins une question d'argent que de culture. Les expériences réalisées montrent que les TICE accroissent la motivation des élèves, notamment dans quartiers défavorisés, ainsi que leur participation. Quant aux enseignants, il gagnent en légitimité. Le numérique est un démultiplicateur de pédagogie. En période de vaches maigres et alors que le grand emprunt n'a rien prévu pour le numérique à l'école, ce plan passera par des redéploiements de budget et des partenariats avec les collectivités locales et les entreprises, avance le député.
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