Comparateurs d'assurances, ça part dans tous les sens

Si les comparateurs de prix ont le vent en poupe, en France, ils peinent encore à prendre leur envol dans le secteur de l'assurance. Preuve en est, les dernières déclarations de Pascal Demurger, directeur général de la Maif, qui a affirmé dernièrement que la "révolution Internet n'a pas encore eu lieu en matière d'assurance" et que "le canal digital se révèle utile en amont mais pas suffisamment au moment de l'acte d'achat", rapporte l'Argus de l'assurance.Seul 4% des produits d'assurance sont vendus via Internet en FranceUn argumentaire corroboré par une étude de Roland Berger publiée il y a quelques semaines. Le cabinet de conseil y soulignait que dans l'Hexagone, seuls 4% des produits d'assurances ont été souscrits via Internet en 2012. Une proportion bien en deçà d'autres secteurs tels que le tourisme ou les transports où ce taux atteint 42%.Ce qui ne surprend pas Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet de conseil Facts & Figures et créateur du site Good Value for Money :Lorsque les Français sont amenés à souscrire des contrats "lourds", tels que l'assurance automobile ou l'assurance habitation, ils ont besoin de rencontrer physiquement un interlocuteur. Généralement, ils connaissent peu ce type de produits et ont besoin d'être conseillés et rassurés. "Plus rentable de se concentrer sur leurs clients"Cependant, de nombreux professionnels du secteur notent que ce sont les comparateurs d'assurance qui amènent les nouveaux clients aux compagnies. La stratégie de la Maif a-t-elle donc du sens ? "Oui, car le groupe a déjà beaucoup à faire par ailleurs", répond Cyrille Chartier-Kastler. "Actuellement, il est plus rentable pour eux de s'occuper de leurs clients et de leurs multi-équipements que d'essayer d'en démarcher de nouveaux."Axa a pris les choses en mainCependant, l'étude de Roland Berger estime également que d'ici à 2030, près de 50% des clients pourraient acheter leurs produits d'assurances en passant par Internet. De quoi convaincre certains concurrents de la Maif de prendre les devants dans ce domaine.En avril 2012, Axa avait mis sur pied son propre comparateur d'assurance. Particularité de ce dernier : les contrats sont classés non pas en fonction des prix mais des services. "C'est compliqué d'être juge et parti, donc je ne pense pas que la compagnie attire de nouveaux clients comme cela", estime Cyrille Chartier-Kastler, "Après, c'est bien pour leur image, cela montre qu'ils jouent la transparence.">> Axa prêt à jouer à "Quialemeilleurservice.com"Un marché de plus en plus concurrentielPlus globalement, ce marché des comparateurs d'assurances en devenir aiguise les appétits. En juillet dernier, Google a ainsi lancé son comparateur d'assurance automobile en France et a rejoint LeLynx.fr, LesFurets.com, Assurland.com, automotocompare et autres sur un secteur déjà très concurrentiel. Ce qui n'a donc pas découragé le groupe américain. Il faut dire que la loi Hamon, qui va permettre aux assurés de résilier leurs contrats au bout d'un an s'ils souhaitent aller voir ailleurs, devrait donner un sacré coup d'accélérateur au secteur.En effet, les changements d'enseignes devraient rapidement s'intensifier. Pour le moment, les Français restent en moyenne six ans chez leur assureur contre deux au Royaume-Uni où cette possibilité où ce type de résiliation est déjà possible.Et cela devrait directement bénéficier aux comparateurs d'assurances qui sont en première ligne pour comparer offres et prix des uns et des autres."De nombreux acteurs du secteur vont disparaître"Mais si le gâteau est en voie de s'épaissir, il ne devrait cependant pas y en avoir pour tous. "Globalement, il y a un réel manque de valeur ajoutée sur ces sites qui mettent exclusivement en avant le prix des produits d'assurances. Beaucoup ont du trafic uniquement parce qu'ils communiquent énormément et font beaucoup de publicité. Mais le jour où ils arrêteront, les gens iront voir ailleur" , avance Cyrille Chartier-Kastler. Pour lui :Progressivement, ce marché des comparateurs d'assurance va se rationaliser, se restructurer et de nombreux acteurs du secteur vont disparaitre.
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