Le Brésil divisé élit son nouveau président

La sortante de gauche Dilma Rousseff est créditée d'une légère avance.
Dilma Rousseff a été confrontée à une économie en plein ralentissement et à des scandales de corruption qui ont terni l'image du parti des Travailleurs. REUTERS.

Près de 143 millions de Brésiliens votaient dimanche pour le deuxième tour de la présidentielle, divisés entre la sortante de gauche Dilma Rousseff, créditée d'une légère avance, et l'opposant de centre droit Aecio Neves.

Après la campagne la plus dramatique, la plus serrée et la plus virulente de l'histoire récente du Brésil, cette élection, qui se déroule dans le calme, est considérée comme un plébiscite sur 12 ans de gouvernements du Parti des travailleurs (PT, gauche).

Les Brésiliens sont partagés entre partisans de la poursuite des conquêtes sociales qui ont extirpé 40 millions de personnes de la pauvreté et ceux d'une alternance pour relancer l'économie en berne de leur pays.

Deux sondages dont les résultats ont été publiés samedi créditent Mme Rousseff, 66 ans, de quatre points (un écart compris dans la marge d'erreur de +/-2%) à six points d'avance sur M. Neves, 54 ans.

La présidente a voté à Porto Alegre (extrême sud) où elle a effectué une grande partie de sa carrière, posant tout sourire devant les photographes en sirotant une calebasse de mate, la boisson de la région. Elle devait ensuite gagner la capitale Brasilia, - à plus de 2.000 km - où elle attendra les résultats.

"Je suis sûre que le Brésil est, et continuera d'être, l'une des plus grandes nations démocratiques de cette planète", avait dit peu avant à la presse la première femme élue à la tête du plus vaste pays d'Amérique latine.

Le candidat du "changement", Aecio Neves, a voté à 12H30 GMT dans une école de Belo Horizonte, la capitale du Minas Gerais (sud-est) dont il a été deux fois gouverneur.

Il est arrivé sous les cris d'"Aecio gagnant" et les pétards. Aux côtés de sa jeune épouse, un ancien mannequin, il a fait le V de la victoire devant les journalistes.

"Aujourd'hui nous avons à choisir entre deux projets. Le nôtre fera que le Brésil continuera à croître avec plus de santé et d'éducation. Le changement a déjà commencé !, a écrit sur son compte Twitter le candidat du Parti de la sociale-démocrate brésilien (PSDB).

A Higienopolis, quartier huppé de Sao Paulo, la capitale économique du pays et fief du PSDB, la préférence allait à M. Neves.

"Je vote Neves car l'alternance au pouvoir est importante. En plus, le Brésil doit retrouver sa croissance et nous sommes fatigués des scandales de corruption", a déclaré à l'AFP, Roberto Carlos da Silva, un médecin de 34 ans.

Mais il y avait aussi des partisans de Mme Rousseff : "Je crois toujours au PT qui a radicalement réduit la pauvreté. Tout le système politique est corrompu et la corruption ne se limite pas à un parti", a affirmé la professeur Rita Azevedo, 51 ans.

Elue en 2010 dans l'euphorie finissante de l'âge d'or de la présidence de son mentor Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), l'ex-guérillera Dilma Rousseff, avait hérité d'une croissance économique annuelle de 7,5%.

Elle a amplifié les programmes sociaux qui bénéficient à un quart des 202 millions de Brésiliens, lui valant un large soutien dans les couches populaires et les régions pauvres du Nord-Est.

Mais Dilma Rousseff a été confrontée à une économie en plein ralentissement et à des scandales de corruption qui ont terni l'image du PT.

L'économiste Aecio Neves, un pur produit de l'élite brésilienne à la réputation de jet-setteur, est soutenu par les milieux d'affaires, la droite classique et une partie des déçus du PT. Il promet un "choc de gestion" pour regagner la confiance des investisseurs et relancer l'économie.

Surfant sur l'indignation des Brésiliens, il a fait de la lutte contre la corruption l'un des axes de sa campagne, même si le PSDB, qui a dirigé le Brésil de 1995 à 2002, a lui-même été dans le passé éclaboussé par de nombreuses affaires.

Sao Paulo, Rio, Minas Gerais : la victoire finale se jouera au sein des classes moyennes divisées des Etats les plus peuplés du sud-est industrialisé, qui avait été l'épicentre de la fronde sociale historique de juin 2013 contre la facture du Mondial, l'état de délabrement des services publics et la corruption.

Aecio Neves était donné largement favori dans ces régions depuis le premier tour, mais Dilma Rousseff y a regagné beaucoup de terrain ces derniers jours.

Les Brésiliens vont aussi élire les gouverneurs de 14 des 27 Etats fédérés restés en ballotage le 5 octobre et notamment ceux de Sao Paulo, de Rio de Janeiro et du District fédéral (Brasilia).

Plus de 400.000 policiers et militaires ont été mobilisés pour assurer la sécurité des élections.

Le vote obligatoire se fait au moyen d'urnes électroniques - plus de 530.000 - installées jusque dans les zones reculées d'Amazonie. Le résultat de la présidentielle sera connu peu  après 20H00 (22H00 GMT).

Commentaires 3
à écrit le 26/10/2014 à 18:16
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A en croire plusieurs posts sur les réseaux sociaux qui dénoncent des actes de violence des partisans de Neves (l'adversaire de la candidate sortante Mme Roussef) envers les électeurs de cette dernière, on pourrait dire que la droite brésilienne n'es...

à écrit le 26/10/2014 à 16:12
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Entre Bush et Kerry les USA étaient aussi divisés ; entre Sarkozy et Hollande la France était-elle aussi divisée ; entre deux candidats qui regroupent grande partie des électeurs le pays se trouve naturellement divisé. ! la logique de ce titre me la...

le 26/10/2014 à 20:56
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Ce n'est pas tout à fait la même chose qui se passe au Brésil. La société civile brésilienne se retrouve très divisée et fragmentée selon la classe sociale, les voisinages, l'ethnie, genre, au sein des équipes, bref, tout cela compte pour diviser les...

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