Le déficit budgétaire français devrait frôler les 80 milliards d'euros l'an prochain, a chiffré ce mercredi Eric Woerth, le ministre du Budget, lors du vote à l'Assemblée nationale du projet de loi de finances 2009. La précédente estimation faisait ressortir un déficit de 57,6 milliards d'euros. "Les ajustements que je vous propose de voter aujourd'hui visent notamment à tirer les conséquences des modifications intervenues en Commission mixte paritaire (pour 0,3 milliard d'euros) et surtout à prendre en compte l'impact des 9,2 milliards d'euros de mesures fiscales du plan de relance", a-t-il expliqué.
"Si vous votez ce collectif, ce seront 9,3 milliards d'euros en faveur de l'investissement, des entreprises, de l'emploi et de la solidarité qui viendront s'ajouter au déficit", a poursuivi le ministre. "Il faudra enfin tenir compte des 3 milliards d'euros nécessaires au financement du Fonds stratégique d'investissement. En l'incluant, le déficit budgétaire se monterait alors à 79,3 milliards d'euros", a-t-il conclu.
De son côté, le président socialiste de la commission des Finances de l'Assemblée, Didier Migaud, a estimé que le déficit budgétaire total (Etat, Sécu, collectivités locales) va frôler les "100 milliards d'euros". Soit près de 5% du PIB. "La France est rentrée dans cette crise beaucoup plus affaiblie que d'autres pays", a-t-il estimé, en demandant de nouveau à la majorité de revenir sur le paquet fiscal.
Cette aggravation du déficit public va encore compliquer la tâche du gouvernement, alors que l'Etat français s'est engagé comme ses partenaires européens à parvenir à l'équilibre au plus tard en 2012. Cet objectif a d'ores et déjà été repoussé de deux ans et ne devrait donc être atteint qu'en 2014. Selon les prévisions gouvernementales, le déficit se creusera à 3,9% du PIB en 2009. Il sera ensuite ramené à 2,9% en 2010, 1,9% en 2011 et 0,9% en 2012, avant un retour à l'équilibre prévu en 2014.