Les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy pour les Antilles

En déplacement en Martinique et en Guadeloupe, le président de la République Nicolas Sarkozy a annoncé des mesures pour relancer le tourisme, en déclin dans la région, deux ans après la grave crise sociale qui a affecté l'économie locale.
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Nicolas Sarkozy a annoncé samedi, à l'occasion de sa tournée aux Antilles, une série de mesures pour accompagner une relance du tourisme dans la région, en déclin, deux ans après la grave crise sociale qui a secoué la Martinique et la Guadeloupe.

"Plus vous prendrez en mains votre avenir, plus on s'engagera à vos côtés. L'Etat ne peut pas tout seul", a dit le président de la République lors de son déplacement en Martinique, vendredi et samedi. "J'aime trop la Martinique pour qu'elle soit condamnée à l'assistanat", a-t-il encore déclaré.

Déprime du secteur du tourisme

Le tourisme est aujourd'hui la priorité affichée du conseil régional de la Martinique, dirigé par l'opposition, pour relancer une économie qui a souffert ces dernières années des effets combinés de la crise mondiale et de la crise sociale locale de 2009.

Alors qu'elle accueillait plus de 1 million de touristes par an il y a dix ans, l'île n'en reçoit plus que 570.000, à 85% originaires de la métropole, et le nombre de croisiéristes qui y font escale a été divisé par cinq depuis 2000.

Plus généralement, seuls 2% de ceux qui sont en quête de soleil sur les plages de la Caraïbe choisissent aujourd'hui les Antilles françaises.

Le niveau élevé des charges et du coût de la vie, un parc hôtelier vieillissant, des infrastructures insuffisantes et une qualité d'accueil qui laisse à désirer sont autant de facteurs expliquant cette désaffection qui contribue à entretenir un niveau élevé de chômage.

Reprise des liaisons aériennes avec Roissy

Parmi les mesures dévoilées, Air France reprendra à compter de novembre des liaisons hebdomadaires entre Roissy d'une part, Fort-de-France et Pointe-à-Pitre de l'autre.

Les responsables antillais réclamaient la reprise de ces liaisons, expérimentées sans succès entre 2003 et 2005, en estimant que l'utilisation de l'aéroport du nord de Paris, plutôt que celle d'Orly, permettrait d'attirer plus de touristes étrangers en réduisant leur temps de transit.

Près de six ans après en avoir arrêté l'exploitation, Air France s'est donc résolue à la relancer à la demande du gouvernement, en dépit des risques financiers pour la compagnie. En juin 2006, Jean-Cyril Spinetta, le PDG d'Air France, avait estimé que cette expérience avait été "un désastre économique". "Nous y avons renoncé puisque 10% de notre chiffre d'affaires généraient près de 80% notre déficit, c'était impossible à maintenir", concluait-il alors.

Le président Sarkozy a ainsi lancé une mise en garde aux professionnels du tourisme. "Je veux que cette fois-ci, ce soit un succès", a-t-il prévenu. Karine Roy-Camille, présidente du comité martiniquais du tourisme, a imputé les échecs précédentsà des annonces "faites très tardivement", selon des propos recueillis par l'AFP. "Il nous faut avoir le temps d'aller vers ces destinations européennes pour leur parler de la Martinique et leur faire des offres, a-t-elle indiqué.

Lancement d'un audit économique

Le chef de l'Etat a annoncé d'autre part la nomination d'un médiateur du tourisme aux Antilles chargé de faire un audit économique et financier du secteur, pour décider s'il convient ou non d'abaisser encore ses charges.

Cet audit, réalisé "au cas par cas", servira aussi à effacer des dettes fiscales et sociales qui atteignaient 30 millions d'euros à fin 2009, Nicolas Sarkozy excluant toutefois une amnistie générale.

Adaptation des infrastructures

Le gouvernement est également prêt à étudier avec la Martinique et la Guadeloupe une adaptation de leurs infrastructures aéroportuaires pour permettre l'accueil du très gros porteur d'Airbus A380 ou encore la rénovation des accès au site de Saint-Pierre, qui porte les stigmates de l'éruption de la Montagne Pelée en 1902.

Nicolas Sarkozy a par ailleurs rencontré vendredi matin la famille d'un des otages français enlevés en septembre au Niger, qui est originaire de la Martinique.

Autosuffisance alimentaire

Après avoir rejoint la Guadeloupe dimanche après-midi, le président de la République s'est également exprimé sur l'importance de l'autosuffisance alimentaire de la région.

Devant les représentants du monde agricole et les milieux économiques guadeloupéens, il a souligné que c'était "un grand malheur que 70% à 80 % de la viande [...] consommée aux Antilles [soit]importée, donc plus chère". Il a appelé les agriculteurs à s'organiser. "On ne peut pas avoir les distributeurs qui sont organisés, et les producteurs qui ne sont pas organisés", a-t-il regretté.

Le président de la République a également préconisé la promotion des "bio-énergies". "Il faut qu'on arrive à l'autosuffisance énergétique: il y a le solaire, l'éolien, le maritime, et il y a tout ce qui est l'agro-biologie", a-t-il déclaré.

Le président présentera dimanche depuis la Guadeloupe ses voeux aux 2,5 millions de Français d'Outre-mer, un exercice auquel il s'était livré l'an passé à La Réunion, dans l'océan Indien.

 

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