Le héraut des métallos de Florange veut devenir eurodéputé. Edouard Martin, 49 ans, a annoncé mardi son intention de se présenter comme tête de liste PS aux élections européennes dans le Grand Est. Une décision qui a suscité des railleries dans l'opposition. Au FN, Florian Philippot l'a accusé ce mercredi d'être "allé à la soupe", tandis que l'ancien Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin ironisait: "Au moins un de recasé!"
Pourtant, son intention de s'engager en politique était connue depuis plusieurs semaines. A l'occasion de la parution de son livre Ne Lâchons Rien, le leader de la CFDT dans l'usine mosellane d'ArcelorMittal, ne s'en était pas caché.
- Avec Hollande sur le toit du camion
Depuis 2012, le syndicaliste s'est imposé dans le paysage politique, en commençant par incarner les ouvriers de Florange, qui tentaient de sauver les hauts-fourneaux menacés de fermeture par leur propriétaire, ArcelorMittal. Dès le mois de février, en pleine campagne présidentielle, il était aux côtés de François Hollande, qui promettait, hissé sur le toit d'un camion, de soutenir sa cause.
Quelques mois plus tard, l'ambiance n'est plus la même. Le sidérurgiste choisit de mettre les hauts-fourneaux à l'arrêt et donne deux mois au gouvernement pour trouver un repreneur. Mais l'ultimatum écoulé, la phase liquide de l'usine n'a trouvé aucun acquéreur.
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- Montebourg convaincu de rester
Une nationalisation temporaire du site est évoquée par Arnaud Montebourg qui est rapidement désavoué par le Premier ministre. Le ministre du Redressement productif envisage même de démissionner. François Hollande et... Edouard Martin le convainquent de rester. Le représentant syndical, interviewé sur Canal+ emprunte alors à nouveau son style décontracté pour louer l'action du ministre:
"Vous n'avez rien à vous reprocher. Vous avez fait le job. Pour une fois qu'on a un ministre qui a des couilles on va quand même pas l'engueuler. Nous ici à Florange on ne vous en veut pas. Pour nous, le combat continue et on aura encore besoin de vous"
- De la lettre à l'Elysée au grilles de Matignon
Le sort des 600 salariés de Florange reste en effet en suspens pendant de long mois. Pour plaider leur cause, le syndicaliste prend la plume pour asséner "ses vérités" au chef de l'Etat. Quelques semaines plus tard, il s'enchaîne aux grilles d'une fenêtre Matignon avec d'autres ouvriers de Florange. Puis il est reçu par le Premier secrétaire du PS, Harlem Désir.
Depuis, Florange a donné son nom à une loi, sur la reprise des sites rentable, qui ne mérite pas forcément cette appellation. Quant aux hauts fourneaux, ils sont censés faire l'objet d'une reconversion industrielle par ArcelorMittal dont la direction a déclaré avoir déjà injecté 104 millions d'euros. Mais, sur les 629 salariés concernés par la fermeture de la phase liquide, une cinquantaine n'aurait pas trouvé d'emploi.