"Désormais, c'est le passif des banques qui inquiète"

Jan-Pieter Krahnen, directeur du Center for Financial Studies (CFS) de l'Université Goethe de Francfort (Allemagne) répond aux questions de la Tribune sur la crise bancaire outre-Rhin et le plan de sauvetage lancé par Berlin.

La Tribune - Quelles sont les conséquences de l'effondrement des marchés de la semaine passée pour les banques allemandes ?

Jan-Pieter Krahnen - Evidemment, la chute des cours des banques cotées est particulièrement dramatique. L'action Deutsche Bank a perdu 36 % en une semaine, celle de Commerzbank 20 %. Ce sont évidemment des nouvelles alarmantes et qui peuvent affaiblir encore la structure capitalistique des banques. Mais ce ne sont évidemment pas des problèmes propres aux établissements allemands.

- Les banques publiques, qui représentent les deux tiers du paysage en Allemagne, sont-elles un peu plus à l'abri ?

- Certainement. C'est un avantage considérable aujourd'hui ne pas être cotées et les Caisses d'Epargne comme les banques mutualistes peuvent s'en féliciter. Elles n'ont toutefois pas accès au marché des fonds propres, ce qui est un désavantage.

- Et leurs portefeuilles ne sont pas épargnés....

- Oui, mais cette question, celle de la qualité des actifs, est devenue secondaire. Nous sommes entrés dans une nouvelle phase. Désormais, c'est le passif qui inquiète surtout. Or, les banques ne peuvent plus se refinancer parce que ni le marché primaire obligataire, ni le marché monétaire ne fonctionnent. Ce blocage des capacités de refinancement pourrait d'ailleurs mettre vite la pression sur les banques régionales, les Landesbanken, quoiqu'elles ne soient pas cotées. Ces banques ont en effet d'importants besoins de refinancement. Elles sont probablement le point faible du système financier allemand.

- Un régulateur bancaire européen serait-il nécessaire ?

- Je pense que oui. On peut imaginer un système à deux niveaux où les régulateurs nationaux seraient des organes exécutifs, tandis que le régulateur européen aurait la capacité de répertorier l'ensemble des produits, notamment à risque, afin que des situations comme celle que l'on connaît avec les CDS, qui sont restés entourés d'un brouillard d'incertitude, ne se renouvellent plus.

- Faut-il sortir du principe de la « fair value » pour les règles comptables bancaires ?

- Je suis de l'avis que l'on doit conserver ce principe, mais que l'on doit expliquer comment il doit être utilisé. La fair value n'a de sens que lorsque le marché fonctionne normalement. Aujourd'hui, il ne fonctionne pas. Mais on ne doit en aucun cas l'abandonner, car ce principe de la valeur de marché s'appuie sur d'excellente raison de transparence des comptes. Il faut bien réfléchir à l'évolution de ces règles comptables.

- Y aura-t-il un vainqueur de cette crise en Allemagne ?

- Il ne peut y avoir que des vainqueurs relatifs. On aurait pu croire que les groupes financiers asiatiques et japonais allaient mieux résister. On voit que ce n'est plus le cas. Ceux qui s'en sortiront le mieux seront selon moi, ceux qui auront conservé le plus de contact avec l'économie réelle.

- Les Caisses d'Epargne et les banques mutualistes en Allemagne sont de ceux-là ?

- En effet, elles pourraient faire partie des vainqueurs relatifs de la crise. Notamment les banques mutualistes qui ont la capacité de rassembler leurs capitaux et donc de mieux faire face. Mais les Caisses d'Epargne disposent également d'un potentiel de confiance et de bons fondamentaux. Elles pourraient également figurer parmi les vainqueurs.

 

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Par quel miracle , les banques faisant 38 o/d'intérêt peuvent-elles se trouver en passif , alors que leurs clients n'ayant que 4 0/0 sont toujours en actif ?

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