Francis Mer : "la crise va durer deux ans, et alors ? "

De passage mardi soir à Berlin, l'ancien ministre des finances a dédramatisé la perspective d'une crise économique durable et salué l'esprit de cohésion en Europe pour juguler la crise. La chancelière allemande Angela Merkel ne voit pas quant à elle de dégradation durable de la conjoncture.

La crise économique, Francis Mer la voit durer deux ans et cela ne l'affole pas. «On va empêcher [par les mesures en cours d'adoption, ndlr] le système financier de tourner. La crise économique va durer deux ans en ne frappant pas que des pays européens. Les Etats-Unis sont touchés, au Japon cela va branler dans le manche, en clair, la croissance économique des deux prochaines années sera nulle voir négative. Et alors ?! Sous prétexte que le monde occidental n'est pas en croissance, c'est la catastrophe ?», s'est exclamé devant quelques journalistes l'ancien ministre des finances connu pour son parler franc.

Invité dans la soirée de mardi à la cérémonie du 25ème anniversaire du club des affaires de Berlin, Francis Mer a estimé en marge de la manifestation que la crise financière montrait de manière éclatante que «ceux qui pensaient que le marché peut tout se sont trompés. La crise oblige les entreprises et les institutions à découvrir que tout régler par le marché mène à la catastrophe». Aussi a-t-il salué l'effort de coordination entrepris au plan européen, ce qui s'est traduit par des mesures concertées pour juguler la crise. «Le comité exécutif européen a pris ces derniers jours de bonnes mesures. La crise a montré que quelque soit la volonté des Etats de rester indépendants, ils sont tous interdépendants». Aussi voit-il l'Europe à nouveau décider de concert «sur des sujets qui en valent la peine», l'ancien président d'Usinor Sacilor citant les domaines de l'environnement, l'énergie et les infrastructures.

Ce mercredi, la chancelière allemande, Angela Merkel s'est dite de son côté convaincue qu'à moyen et long terme «il n'y aura pas de dégradation durable de la conjoncture» outre-Rhin. Elle a cependant prévenu qu'il fallait s'attendre «à ce que la croissance économique ralentisse», lors d'une déclaration de son gouvernement aux députés du Bundestag. Le ministre des finances, Peer Steinbrück, a tenu un propos similaire : «ne nous voilons pas la face, nous allons entrer en 2009 dans une phase très difficile». Berlin doit annoncer ce jeudi sa prévision de croissance pour 2009 qui devrait se situer sous 0,5%. Ce serait un atterrissage en douleur pour la première économie d'Europe, qui devrait encore voir son PIB augmenter de 1,8% cette année, après 2,9 et 2.5% en 2006 et 2007.

Contrairement à la France, où la gauche n'a pas voté le plan du gouvernement pour le sauvetage des banques, il faut s'attendre ces heures-ci à un vote large du Bundestag, opposition libérale comprise, pour adopter dans l'urgence un plan de soutien au secteur financier à hauteur de 480 milliards d'euros. Les Verts et néo-communistes du parti Die Linke devraient voter contre ou s'abstenir.

Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il est facile de dédramatiser lorsque votre position fait de vous un intouchable. le cynisme et l'égoïsme sont les deux mamelles d'un libéralisme qui reste orgueilleux

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Les plans de sauvetage déployés par les grandes puissances occidentales s?avèrent peu efficaces. Ni le plan Paulson de soutien au système bancaire américain dont le montant avoisine les 700 milliards de dollars ni même le programme européen doté de ...

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