Les actes de piraterie se multiplient dans le golfe d'Aden, au large de la Somalie, voie pétrolière de première importance pour les économies développées. Ce mardi, on apprenait ainsi qu'un navire de guerre indien avait riposté à une attaque de pirates au large des côtes somaliennes. Selon l'état-major de la marine indienne, "la frégate INS Tabar s'est approchée du navire (suspect, ndlr) et lui a demandé de s'arrêter. Mais après plusieurs sommations, les occupants du navire adverse ont menacé de faire exploser la frégate si celle-ci approchait". Cet incident intervient une semaine après le sauvetage par la même frégate d'un navire de commerce saoudien et d'un vraquier indien attaqués par des pirates.
Mais surtout, l'affaire du Sirius Star a marqué une escalade dans ces actes de piraterie, compte tenu de la taille du superpétrolier saoudien. Les pirates somaliens qui l'ont capturé exigent une rançon (dont le montant est pour l'heure inconnu) pour relâcher le bateau et ses vingt-cinq membres d'équipage, selon la télévision qatarie A-Jazira qui a diffusé ce mercredi les exigences des pirates.
Interrogés sur cette demande de rançon et d'éventuels contacts avec les pirates, le géant pétrolier saoudien Aramco, propriétaire du Sirius Star, et sa filiale, Vela International Maritime Ltd, opérateur du pétrolier, se sont refusé à tout commentaire. L'opérateur a ajouté qu'en raison de la "sensibilité" de l'affaire et "dans l'intérêt des membres d'équipage", il s'abstiendrait de donner des indications, jusqu'à nouvel ordre, sur la situation du supertanker.
Les pirates qui ont capturé le 15 novembre dans l'océan Indien le Sirius Star ont ancré mardi leur prise au large d'Harardere, un de leur repaires, à 300 km au nord de Mogadiscio. Harardere est l'un des ports utilisés par les pirates somaliens pour garder les bateaux qu'ils ont capturés en attendant de recevoir les rançons qu'ils réclament pour relâcher navires et équipages.
La capture du bateau est l'opération de piraterie la plus spectaculaire menée au large de la Somalie. Elle constitue un défi pour la force maritime internationale censée protéger le trafic marchand dans cette partie du monde.
Long de 330 mètres (soit un peu plus grand que le porte-avions Charles de Gaulle, 261 mètres, précision due à la sagacité de nos internautes !) et chargé de 300.000 tonnes de pétrole, d'une valeur d'environ 100 millions de dollars, le Sirius Star, est la propriété d'Aramco. Mis en service le 8 avril, ce mastodonte d'une valeur de 150 millions de dollars, a été capturé en plein océan Indien, à plus de 450 milles nautiques (800 km) au sud-est de la ville de Mombasa au Kenya.
Depuis sa capture, des pirates somaliens se sont emparés de trois nouveaux bateaux au large de la Somalie, dans le Golfe d'Aden: un chalutier thaïlandais, un cargo immatriculé à Hong-Kong et un vraquier grec, a indiqué à l'AFP une source maritime au Kenya.
Déployée dans la zone, la force navale anti-piraterie, principalement issue de l'Otan, est censée prévenir ce genre d'attaques. Mais elle semble pour l'heure bien débordée, compte tenu de l'intense trafic maritime qui règne sur zone. De son côté, l'Union européenne a donné le 10 novembre son feu vert à une opération navale à partir de décembre pour lutter contre les pirates au large de la Somalie, qui sera aussi la première commandée par un Britannique dans le cadre de l'Europe de la défense.
Touché lui aussi par cette piraterie, le Japon va étudier l'envoi d'une mission navale pour protéger ses cargos au large de la Somalie, ont annoncé ce mercredi des organisations professionnelles du secteur des transports maritimes.
Par ailleurs, à la demande de l'Egypte et du Yémen, une réunion des pays riverains de la mer Rouge sera organisée ce 20 novembre au Caire pour discuter des "questions liées à la sécurité" dans cette mer.
Depuis début 2008, 92 navires ont été attaqués dans le golfe d'Aden et l'océan Indien par des pirates somaliens, dont onze pour la seule période du 10 au 16 novembre, selon un décompte du Bureau maritime international (BMI).