Sous la pression des eurodéputés, la ministre bulgare des Affaires étrangères Roumiana Jeleva a décidé mardi de retirer sa candidature à la Commission européenne.

Le Premier ministre bulgare, Boiko Borisov, a immédiatement proposé à José Manuel Barroso de la remplacer par Kristalina Georgieva, actuellement vice-présidente de la Banque mondiale - elle a confirmé à la radio nationale bulgare qu'elle se préparait à devenir commissaire européen - mais cette décision devrait provoquer le report du vote d'investiture de la Commission européenne, prévu initialement pour le 26 janvier.

Roumiana Jeleva, désignée par le président de la Commission européenne pour occuper le portefeuille de l'aide humanitaire, était placée sous le feu des critiques par les parlementaires européens depuis son audition la semaine dernière.

Les eurodéputés estimaient que Roumiana Jeleva n'avait pas convaincu par sa connaissance des dossiers et jugeaient que sa déclaration d'intérêts financiers comportait des zones d'ombre.

Les groupes socialistes et verts, qui se sont félicités dans des communiqués de cette décision "inévitable et prévisible", avaient notamment demandé au cours des derniers jours des compléments d'information sur ses liens passés et présents avec le monde des affaires.

Alors qu'un vote à bulletin secret devait être organisé mardi après-midi lors d'une réunion de la commission du Développement du Parlement européen, la candidate bulgare a finalement préféré se retirer plutôt que d'être confrontée à un vote négatif.

Ce retrait a été officialisé mardi dans la matinée dans une lettre adressée à Boïko Borisov, dans laquelle elle annonçait également son intention de démissionner de son poste au sein du gouvernement bulgare.

Ce dernier a cependant refusé cette démission, expliquant à la presse qu'il n'avait "pas de raison pour cela".

L'ENTRÉE EN FONCTION DE LA COMMISSION RETARDÉE

Les auditions des commissaires-désignés se sont achevées ce mardi et un vote d'investiture collégial de la nouvelle Commission européenne était prévu pour le 26 janvier.

Mais, selon plusieurs sources au sein de la Commission européenne et au Parlement européen, il est désormais très improbable que ce vote ait lieu à cette date.

D'une part, le président de la Commission doit décider s'il conserve la répartition actuelle des portefeuilles ou s'il se livre à un remaniement pour tenir compte de l'issue des auditions parlementaires.

Le Parti populaire européen (PPE), auquel appartient Roumiana Jeleva, a de son côté exprimé des réserves sur le candidat socialiste Maros Sefcovic, désigné pour prendre en charge les relations interinstitutionnelles et l'administration, ainsi que sur les libéraux Neelie Kroes, aux Télécoms, ou Olli Rehn, aux Affaires économiques et monétaires.

Enfin, la nouvelle candidate bulgare devra disposer du temps nécessaire pour préparer son audition.

Dans une déclaration écrite, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, s'est limité à indiquer que "la procédure de nomination de la nouvelle Commission devra(it) maintenant continuer et être conclue dans les meilleurs délais".

De source parlementaire, on indique que le vote d'investiture pourrait être organisé la deuxième semaine de février, retardant ainsi l'entrée en fonction du nouvel exécutif européen initialement prévu pour le 1er février.