Ces étrangers qui se refusent à fuir le Japon

La menace que fait planer la centrale nucléaire accidentée de Fukushima sur Tokyo a fait fuir la très grande majorité des expatriés. Pourtant, une poignée d'entre eux ont choisi de ne pas rentrer dans leur pays, allant jusqu'à refuser de prendre provisoirement le large en s'éloignant de la capitale.
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Tout le monde n'est pas parti. Les images d'expatriés cherchant à tout prix un vol pour quitter Tokyo après la triple catastrophe au Japon - séisme, tsunami, accident nucléaire - pourraient laisser croire qu'il ne reste plus un "gaijin", comme on appelle ici les étrangers. A tort. Certains d'entre eux ont des liens - familiaux, professionnels et amicaux - si profonds avec le pays du Soleil levant qu'ils se refusentà quitter leur terre d'adoption.

"Tokyo a toujours été là pour moi. J'aime cette ville" explique par exemple Dianne Takahashi, une écrivain australienne plus connue sous son nom d'auteur - Dianne Highbridge - et mariée à un Japonais. "On ne fuit pas ce qu'on aime", dit-elle. Les ambassades de nombreux pays, dont la France, ont conseillé à leurs ressortissants de quitter la zone de la centrale de Fukushima mais également la capitale, située à 240 kilomètres au sud de la centrale. Mais si certains expatriés récents ont tôt fait de suivre ces conseils, d'autres ont de bonnes raisons de rester. 

"Ne pas rater le moment le plus important pour le Japon depuis la seconde guerre mondiale"

"J'affronterai le danger quel qu'il soit. Je vais rester quoi qu'il arrive" assure Sam Jameson, un journaliste américain de 74 ans. "Je suis ici depuis si longtemps et j'ai tellement d'amis, c'est un endroit très agréable, facile à vivre", ajoute ce Tokyoïte d'adoption, qui a emmagasiné suffisamment de provisions pour rester enfermé un mois si le niveau de radioactivité augmente à Tokyo. Jameson est arrivé au Japon il y a un demi-siècle et pense que ce drame national, qui a fait plus de 21.000 morts et disparus, peut relancer le pays après deux décennies de marasme économique et politique. "Le lendemain du séisme je me suis dit 'C'est peut-être ça qui va enfin réveiller le Japon'", raconte-t-il. "C'est encore une bonne raison de ne pas partir - on prendrait le risque de rater le moment le plus important pour le Japon depuis la Seconde guerre mondiale."

"Je me sens plutôt en sécurité à Tokyo"

Ceux qui restent ont choisi de voir au-delà des descriptions parfois apocalyptiques des médias étrangers. "Je me sens plutôt en sécurité à Tokyo", dit Glen Fukushima, ancien président de la Chambre américaine de commerce au Japon. "Je pense que le gouvernement japonais est parfois lent à réagir aux crises et ne s'explique pas forcément très bien, ce qui peut inquiéter les gens qui ne connaissent pas bien le Japon. Je suppose que j'ai un peu plus confiance (qu'eux) dans la capacité du Japon à résoudre ce problème", ajoute cet Américain. 

Certains étrangers se sont couverts en envoyant leur famille ailleurs, attendant de connaître l'évolution de la situation. "Ils ont leurs tickets de retour", dit Sam Rogan à propos de sa femme japonaise et de ses enfants, partis à Hawaii il y a une semaine. "J'espère que la semaine prochaine, les choses seront maîtrisées. Si ce n'est pas le cas, mon plan de secours est d'envoyer les enfants chez mes parents aux Etats-Unis", ajoute cet Américain, qui dirige la division japonaise d'un fabricant américain de semiconducteurs.

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