Quelques échauffourées sporadiques et des face-à-face avec la police anti-émeute mais rien de comparable à l'explosion des jours précédents. L'Angleterre semble retrouver le calme. A Londres, où 16.000 policiers sont déployés depuis mardi soir et où des groupes de quartier se sont organisés pour protéger leurs biens, aucun incident majeur n'est survenu. L'ambiance reste toutefois tendue.

Les autres villes du nord et du centre de l'Angleterre comme Manchester, Liverpool ou Birmingham, où la violence s'était propagée, paraissaient elles aussi plus calmes.

"Nous avions besoin d'une riposte et la riposte est en cours", avait déclaré David Cameron mercredi après une réunion du comité ministériel de sécurité Cobra, chargé des situations de crise. "La police disposera de toutes les ressources dont elle a besoin", a ajouté le Premier ministre, revenu de vacances en Italie mardi. Autorisation a été donnée aux forces de l'ordre d'utiliser des canons à eau en cas de besoin.

Controverse sur les coupes budgétaires

Le débat se porte désormais sur les causes de cette explosion de violence inédite depuis les années 1980. Dans les rangs de l'opposition, les travaillistes pointent les effets du plan de rigueur engagé en 2010.

"Ils (les autorités) ont augmenté les impôts, diminué les prestations sociales pour les enfants. Tout le monde en a profité pour se défouler", déclare un homme qui participé aux émeutes dans le quartier de Hackney, dans l'est de Londres.

Les habitants des quartiers concernés et certains commentateurs soulignent aussi les tensions régulières entre les jeunes et la police. Ce phénomène "doit être interprété comme une explosion d'agressivité d'une 'sous-classe' exclue socialement et économiquement", écrit le journal libéral The Independent.

Le gouvernement de coalition conservateur-libéral, qui procède à des coupes sévères dans les services publics pour éponger un déficit budgétaire record, s'est empressé de nier tout lien entre les émeutes et ses mesures d'austérité, assimilant les troubles à un problème "purement criminel".

 Clegg défend l'austérité

Nick Clegg, le vice-Premier ministre conservateur, a réaffirmé sa volonté de poursuivre la politique de rigueur. Revenir sur ces réformes "ne serait pas une recette du succès sur le long terme", a-t-il affirmé lors d'une interview à la BBC ce jeudi.

Le chef de file des libéraux démocrates a refusé de commenter les propos de David Cameron sur la situation des britanniques les plus défavorisés. "Il y a des poches de notre société qui ne sont pas seulement cassées, mais franchement malades", avait déclaré le Premier ministre. Ce dernier s'exprimera ce jeudi en fin de matinée devant le Parlement réunit pour une session extraordinaire. 

 Punir les pilleurs

Le gouvernement insiste sur sa priorité : punir les auteurs des dégradations et des pillages. D'autant plus que ces violences contre les personnes et les petits commerces, dont les photos et vidéos sont largement relayées sur les réseaux sociaux par internet et les chaînes d'information télévisée, ont choqué de nombreux Britanniques. Certains pilleurs ont ainsi dépouillé les magasins des produits les plus onéreux - télévisions, bijoux - aux plus anodins - bonbons, bouteilles d'alcool.

En tout, plus de 1.000 personnes ont été interpellées dont 805 à Londres. Les tribunaux ont travaillé sans relâche, même la nuit, pour effectuer les mises en examen. Parmi les prévenus figuraient un garçon de 11 ans ou encore un employé caritatif.

Enquêtes à Tottenham et Birmingham

Les émeutes avaient éclaté à Tottenham, dans le nord de Londres, après la mort d'un Antillais de 29 ans, Mark Duggan, lors d'une opération policière, avant de s'étendre à d'autres villes.

Les premiers rapports indiquaient que Mark Duggan avait tiré sur les forces de l'ordre avec un pistolet retrouvé à ses côtés. Mais selon un communiqué de la Commission indépendante des plaintes contre la police (IPCC), "il n'existe à ce stade aucune preuve que l'arme retrouvée sur la scène (de crime) a été utilisée" contre les policiers.

A Birmingham, la police a ouvert une enquête pour homicide après la mort de trois personnes renversées par une voiture. Selon un ami des victimes, qui s'exprimait au micro de la BBC, les trois hommes appartenaient à un groupe d'autodéfense et tentaient de prévenir les pillages. "La voiture a foncé sur eux. C'est un meurtre commis de sang-froid", a-t-il dit.

Ces émeutes ont fait une autres victime : un homme de 26 ans, atteint par une balle alors qu'il se trouvait dans sa voiture à Croydon, dans le sud de Londres. La police déplore quant à elle une centaine de blessés.