Au Koweït, les manifestants font tomber le gouvernement

Quelque 90.000 Koweïtiens sont descendus dans la rue pour fêter la démission du gouvernement. Ils réclament désormais la dissolution du parlement et la traduction en justice des députés corrompus.
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Un nouveau gouvernement arabe est tombé. Lundi après-midi, le gouvernement koweïtien, dirigé par cheikh Nasser Mohammed al-Ahmad Al-Sabah a présenté sa démission à l'émir Sabah IV qui l'a acceptée. Dans la soirée, près de 90.000 manifestants, selon les organisateurs, sont descendus dans la rue à l'appel de l'opposition, initialement pour réclamer la démission du gouvernement, finalement pour la célébrer. Un tel rassemblement est une première pour le Koweït qui compte seulement 1,5 million d'habitants.

Ce soulèvement intervient après que cheikh Nasser a trempé dans une affaire de corruption : il est accusé par l'opposition d'avoir transféré des milliers de dollars de deniers publics sur des comptes bancaires domiciliés à l'étranger. Dans la foulée, l'opposition, en la voix du parlementaire islamiste Mohamed Hayef, a également réclamé la dissolution du parlement et la traduction en justice des députés corrompus.

Pas de "printemps arabe"

S'il est tentant d'y voir l'arrivée du "printemps arabe" au Koweït, l'opposition affirme le contraire. Et insiste sur une divergence fondamentale: les manifestants de ce minuscule émirat ne souhaitent pas le renversement du régime. Comme au Maroc, ils réclament une véritable monarchie constitutionnelle, sous le modèle britannique ou espagnol. Il existe au Koweït un réel processus démocratique, même si le Premier ministre reste nommé par l'émir et fait partie de sa famille. Les Koweïtiens élisent leur parlement depuis 1962. Mais cela n'est pas suffisant pour les jeunes Koweïtiens qui souhaitent "élargir" leur démocratie.

Leurs revendications sont loin des problèmes de chômage et de pauvreté qui avaient poussé les Tunisiens à se révolter. Le Koweït est un pays riche et l'emploi s'y porte bien. Malgré une superficie trente fois inférieure à celle de la France métropolitaine, l'émirat est membre de l'Opep et détient un dixième des réserves pétrolières mondiales. Ce qui le rend extrêmement dépendant du cours du brut puisque le pétrole concourt au PIB comme aux revenus du gouvernement à hauteur de 95%. C'est pourquoi le gouvernement a décidé, en janvier, d'un plan de développement économique de quelque 130 milliards de dollars sur cinq ans pour diversifier l'économie et augmenter le poids du secteur privé. Ce qui ne semble encore une fois pas suffisant aux manifestants qui réclament un changement plus important du modèle économique.

Même si la rue a grondé plus fort que jamais au Koweït, il faut toutefois relativiser l'importance de cette crise politique. Car depuis 2006, la Chambre a été dissoute à trois reprises. Cheikh Nasser a, lui, démissionné sept fois... et pourrait être renommé à la tête du gouvernement.

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