Bruxelles attend Bucarest au tournant

La crise politique qui secoue la Roumanie ne plait guère à l'Union européenne, qui a intensifié sa surveillance et appelé au respect de l'État de droit. Des mesures jugées antidémocratiques prises par le gouvernement de coalition sont notamment dans le collimateur de Bruxelles.
Le Premier ministre roumain Victor Ponta et le président de la Comission européenne Jose Manuel Barroso, lors d'un meeting le 12 juillet. Copyright Reuters

Le gouvernement de Victor Ponta a beau se défendre de tout abus de pouvoir, l'Europe n'y croit pas un mot. Dès mercredi, la Commission européenne examinera les réponses du Premier ministre roumain, sommé la semaine dernière de clarifier ses positions sur sa façon de gouverner. Depuis son accès au pouvoir, la coalition de centre-gauche a en effet pris tour à tour le contrôle des institutions républicaines, en démettant les présidents des chambres parlementaires ou en diminuant les prérogatives des juges et autres «Sages» roumains.

Exigences démocratiques

Et la pilule a été dure à avaler pour Bruxelles, qui a sorti l'attirail diplomatique pour faire reculer les socialistes roumains. Dans son courrier, la Commission a exigé un minimum de 50% +1 voix de participation au référendum pour valider la destitution du président Traian Basescu, récemment remplacé par intérim par son opposant, Crin Antonescu, président du Sénat. A contrecoeur, le gouvernement avait accepté, après avoir tenté de faire passer en force début juillet un décret visant à annuler ledit critère. La peur de voir l'abstention gagner les urnes avait incité la coalition à franchir la ligne jaune.

Deux autres mesures viennent compléter la liste des exigences de Bruxelles, l'abrogation du décret d'urgence visant à réduire les pouvoirs de la Cour constitutionnelle et la garantie d'une justice indépendante. Sur ces points, les promesses du gouvernement pleuvent mais aucun acte concret n'est encore venu rassurer les partenaires européens.

Pression accrue

Qu'importe les réponses données par Victor Ponta, la Commission européenne n'est pas prête à relâcher la pression selon les sources européennes. Des experts mandatés par Bruxelles effectueront dans les semaines à venir des missions ponctuelles pour vérifier sur place le respect des engagements du gouvernement. Les mesures prises pour lutter contre la corruption devraient également faire l'objet d'une expertise poussée. Ainsi, le mécanisme de surveillance pour protéger l'Etat de droit, imposé à la Roumanie lors de son adhésion à l'Union européenne, devrait être prolongé.

Bruxelles est bien déterminé à ramener la démocratie à Bucarest. Tâche difficile au vu du jeu de passe passe auquel s'adonne le gouvernement roumain. «La Roumanie ne reçoit d'ordre de personne de l'extérieur», a d'ailleurs soutenu Crin Antonescu, président de la République par intérim.

Commentaires 2
à écrit le 17/07/2012 à 23:47
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comme d'autres pays d'europe du centre/est , la roumanie n'a pas encore put trouver de dirigeants "post-communistes" valables, et pourquoi la proposition qui était un moment d'actualité pour la grèce, le pays inondé de subventions européennes en écha...

à écrit le 17/07/2012 à 19:49
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Bruxelles qui parle d'anti-démocratie alors qu'aucun des commissaires européens n'est élu, il y a de quoi s'étonner, pour ne pas dire pire. La commission européenne est à la démocratie ce que la peste est à la médecine.

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