Quand Mario Draghi fait la leçon aux Américains sur l'euro

Le président de la BCE a défendu mercredi à Harvard la monnaie unique et a répondu aux habituelles critiques américaines. Mais a-t-il vu juste ?

 L'histoire est parfois ironique. Voici un peu plus d'un an, le président de la BCE Mario Draghi aurait sans doute reçu des leçons aux Etats-Unis. On lui aurait opposé la solidité politique et économique américaine avec le chaos instable de la zone euro. Mais mercredi soir à Harvard, c'est l'ancien directeur du Trésor italien qui a fait la leçon à ses auditeurs américains.

L'incompréhension américaine sur l'euro

« Dans les jours sombres de la crise, beaucoup de commentateurs de ce côté-ci de l'Atlantique regardaient la zone euro et étaient convaincus qu'elle échouerait », a rappelé Mario Draghi. « Ils avaient tort », conclut-il.

D'abord, sur le plan macroéconomique. « La zone euro a créé 600.000 emplois de plus que les Etats-Unis depuis 1999. » mais surtout « sur un plan plus fondamental, ils ont sous-estimés la profondeur de l'engagement des Européens dans l'euro. » « Ils ont pris l'euro pour un régime de taux de change fixe, alors que c'est une monnaie unique irréversible. Et elle est irréversible, parce qu'elle est née de l'engagement des Européens pour une intégration plus forte des nations européennes. »

Réponse aux arguments américains

Autrement dit, la force de l'euro, c'est, pour Mario Draghi, moins son fondement économique que son fondement politique. Dans son discours, le président de la BCE s'est, du reste, efforcé de comparer l'intégration européenne et celle des Etats-Unis, en montrant combien la première n'avait rien à envier à la seconde.

La vieille Europe serait incapable de s'unir comme l'a fait la jeune Amérique ? « Les Etats-Unis sont souvent présentés comme un pays jeune, mais l'institution que j'ai l'honneur de diriger est encore plus jeune », répond Mario Draghi. Les institutions européennes sont inefficaces ? Mais, rappelle le président de la BCE, la Fed n'est née qu'en 1913 et a eu bien du mal à s'imposer outre-Atlantique. L'Union économique et monétaire n'est pas « parfaite » ?

Certes, répond le banquier central, mais l'UE est engagée dans un processus d'une « union plus parfaite », termes qu'il tire du… préambule de la constitution des Etats-Unis !

Une situation rêvée pour la BCE

Bref, Mario Draghi a pris une certaine revanche. Il est vrai que la situation actuelle lui est bien plus favorable. Alors que les Etats-Unis sont paralysés par leur système institutionnel qui menace de les pousser au défaut, l'euro ne semble plus remis en cause par les marchés.

L'OMT, l'arme magique de « Super Mario » a mis fin aux spéculations de démembrement de la zone euro. L'économie européenne repart progressivement, l'architecture de l'union bancaire commence à se mettre en place.

Mario Draghi est allé un peu vite en besogne

La vérité oblige cependant à constater que le président de la BCE a peut-être été un peu vite en besogne. On sait la reprise fragile et faible en zone euro. Du reste, lui-même l'a reconnu lors de sa dernière conférence de presse et c'est précisément pour cela qu'il reste l'arme au pied, se disant « prêt à agir. »

L'union bancaire a-t-il affirmé sera bouclée d'ici à 2015… C'est un scénario bien optimiste quand on sait que le mécanisme de résolution unique, le cœur du réacteur de cette union bancaire, est encore dans les limbes et que les divergences entre Européens à ce sujet sont encore très fortes.

L'engagement des Européens pour l'euro ? Oui, mais…

Enfin, il est un peu hardi de faire de l'attachement des Européens à l'euro le socle de l'immortalité de la monnaie unique. La dernière enquête Eurobaromètre de juillet 2013 montre que le soutien à l'euro dans la population n'est plus que de 51 %. C'est dix points de moins qu'il y a deux ans.

Parallèlement, les Européens opposés à l'euro sont 42 % soit neuf points de plus qu'en 2009. Certes, les citoyens des pays membres de la zone euro sont largement favorables à l'euro et la proportion au niveau de l'UE est surtout abaissée par l'hostilité des pays qui n'ont pas encore l'euro comme monnaie. Mais la tendance est partout la même.

Et certains faits sont inquiétants. L'entrée de la Lettonie dans l'UEM le premier janvier prochain va se faire dans un climat d'hostilité générale à l'égard de l'euro. Dans la plupart des grands pays de la zone euro, les partis anti-européens ont le vent en poupe : ils sont majoritaires dans la population aux Pays-Bas, ils dépassent les 20 -% en Grèce, en Italie et en France…

Il est vrai que Mario Draghi a déjà affirmé la semaine dernière que la poursuite de l'austérité était le bon moyen de rétablir et de renforcer cet engagement des Européens pour l'euro.

Commentaires 25
à écrit le 11/10/2013 à 10:53
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On attend toujours la mise en place d'un SMIC européen par métier. Il ferait bien de s'en occuper au lieu de donner des "leçons".

le 11/10/2013 à 12:10
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Il serait logique que le smic européen soit à heuteur du RSA : 450 euros/mois.

le 12/10/2013 à 18:16
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LES DROIT EUROPEENS DOIVENT ETRE TIRES PART LE HAUT LE MEILLIEUR SMIC EST LE SMIC FRANCAIS ?? ?

à écrit le 11/10/2013 à 6:43
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L'euro est tout de meme une création américaine, le président de la BCE idem alors vos propos n'ont aucun sens. On nous enfume en permanence.

le 12/10/2013 à 18:27
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les etat unies sont une invention importe par un francais le general LAFAYETTE nous n avons que repris une vielle idee qui na pas ete adopte a l epoque en europe mais qui a fais la force et la fortune des americains qui ne sont qe des exillees...

à écrit le 10/10/2013 à 23:06
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etc..., mais j'aime bien , je vais aller réécouter ce tube de 1983 , comme le temps passe vite , jusqu'à la fin !

le 10/10/2013 à 23:51
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à la canzone : " je suis rital et je le reste " , verona i piazza bra , le balcon de romeo et juliette a la sinistra de la piazza , etc... : pas de souci avec les députés européens en ce temps là !

à écrit le 10/10/2013 à 19:04
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Euro monnaie d'escroc! vivement les elections europeennes.

le 10/10/2013 à 19:36
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arretez de vous exciter avec les elections europeennes, lisez plutot mon post, juste en dessous....

à écrit le 10/10/2013 à 18:30
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la confrerie "Talmudo-financiere" a choisi sa representante a la FED et Martin Schulz comme relai pour l'Europe...la boucle est bouclée

à écrit le 10/10/2013 à 15:44
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Dixit le Goldman Sachs Boy : "La poursuite de l'austérité est le bon moyen de rétablir et de renforcer cet engagement des Européens pour l'euro ..." Euuhh ... Il est sérieux là ?.! Il pense vraiment qu'il va arriver à nous faire gober ça ?.!

le 11/10/2013 à 22:20
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Les Goldman Sachs font partie de ceux qui croient que les coffres forts suivent toujours le corbillard de leurs propriétaires.

à écrit le 10/10/2013 à 15:01
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Arrêterons de faire les beaux alors que l?on n?a rien à vendre le taux de chômage au US et deux fois inferieur a l'Europe.

le 10/10/2013 à 19:54
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taux de chomage us : 7,3% taux de chomage europe : 11% on doit pas avoir suivi les mêmes cours de math et en attendant, nous, nous disposons d'une protection sociale...

le 10/10/2013 à 22:49
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Rassurez-vous, le taux de chômage réel est bien plus élevé.

le 11/10/2013 à 10:18
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hé!hé! sûrement, oui !

à écrit le 10/10/2013 à 14:27
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"mais l'institution que j'ai l'honneur de diriger est encore plus jeune" Amusant, de faire passer la principale faiblesse comme une force... A d'autres... Tiens, un autre truc "amusant" : le chômage continue à progresser partout en Europe, tout comme...

à écrit le 10/10/2013 à 14:01
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on ne pouvait pas s'attendre a autre chose du Goldman Sach boy mondialiste convaincu ,sbire des banksters de tout poil,l'avenir lui donnera tort les hommes ne veulent pas d'un gouvernement mondial qui ne serait qu'une dictature qu'il appelle de ses v...

le 10/10/2013 à 14:48
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N'importe quoi !

à écrit le 10/10/2013 à 13:57
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Méthode Coué.

à écrit le 10/10/2013 à 13:52
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Sacré Mario vu la dette de la zone euro équivalente à celle des Us et cela en seulement une douzaine d'années d'euro,effectivement il a de quoi donner des leçons de pragmatisme économique.Comme on dit outre atlantique rira bien qui rira le dernier.

le 10/10/2013 à 14:41
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Dire des choses inexactes pour accréditer des préjugés est une technique usuelle de désinformation : la dette des USA au 1er trimestre 2013 est de 12631 milliards d'EUR ; le total des dettes publiques des États de la zone Euro est de 7837 milliards d...

le 10/10/2013 à 15:07
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Cela n'est pas inexact les 2 sont à environ 100% du PIB. De plus les richesses naturelles des US sont considérables 'gaz de schiste, pétrole etc...) Le taux de chômage et 2 fois inférieures à l?Europe Donc oui il vaut mieux un futur aux US qu'en Euro...

le 10/10/2013 à 18:10
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Rappelons aussie que le bilan de la BCE représente environ 30% du PIB de l'eurozone et que celui de la FED représente environ 20% du PIB des USA... Ca donne le vertige!

le 10/10/2013 à 19:30
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@Bebel Le gaz de schistes une richesse...A voir.

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