Altadis subit le contrecoup de l'amende infligée aux fabricants américains de cigarettes

L'amende record de 145 milliards de dollars infligée vendredi aux cinq principaux fabricants de cigarettes américains pesait lundi sur le cours de l'action Altadis. Après une ouverture en baisse de plus de 6%, le groupe issu de la fusion de Seita et Tabacalera enregistrait vers 11h un recul de 4,56% à 15,7 euros.Vendredi, Philip Morris, R.J. Reynolds, Brown et Williamson, Lorillard et Liggette avaient été reconnus coupables par un jury de Floride d'avoir sciemment rendu malades des fumeurs, à l'issue d'un procès fleuve de deux ans.Les analystes éprouvaient toutefois des difficultés à expliquer la réaction brutale du marché à l'égard d'Altadis. Laurence Pinta, qui suit la valeur pour KBC Securities, faisait ainsi remarquer que les titres des fabricants américains de cigarettes étaient restés relativement insensibles, vendredi, à l'énoncé du verdict du jury de Floride. L'action du numéro un mondial de l'industrie du tabac, Philip Morris, ne reculait par exemple que de 1,51% à 24,5 dollars à la clôture des places américaines.Les risques financiers encourus par les fabricants européens apparaissent ensuite sans commune mesure avec ceux auxquels sont exposés leurs homologues américains. " De tels procès ne peuvent se dérouler dans les mêmes conditions en Europe, où les actions groupées sont acceptées de façon beaucoup plus restrictive qu'aux Etats-Unis ", constatait notamment Virginia Hééribout de BNP Equities. " De plus, les fabricants européens de cigarettes ne pourraient être condamnés qu'au paiement de dommages et intérêts, alors que leurs concurrents américains sont exposés à des dommages punitifs en plus de la réparation du préjudice subi par les victimes ". Les experts remarquaient également que les procès américains étaient encore loin de leur terme, après la décision des fabricants de cigarettes de faire appel de la décision rendue par le tribunal de Miami. " Ils n'auront pas à débourser un dollar avant une dizaine d'année ", constatait Laurence Pinta. " L'action collective devrait d'ailleurs être reclassée par la Cour d'appel en une multitude d'actions individuelles ", ajoutait pour sa part Virginia Hééribout. " Les montants des dommages punitifs pourraient en outre être sensiblement révisés à la baisse si l'on se réfère aux cas similaires jugés antérieurement. "Les deux analystes gardaient d'ailleurs une opinion positive sur le titre, retenant un objectif de cours de 20 euros. Laurence Pinta estimait notamment que le recul d'Altadis constituait une bonne occasion pour se renforcer sur la valeur.Altadis avait publié, en mai dernier, d'excellents résultats pour le 1er trimestre de son exercice 2000. Le groupe avait annoncé un chiffre d'affaires en hausse de 17% à 648,1 millions d'euros. Le bénéfice net s'était quant à lui établi à 73,1 millions d'euros, représentant une marge nette supérieure à 11%.
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