Usinor : Dernière perte avant l’embellie

La perte de 178 millions d'euros annoncée par Usinor au titre de l'exercice 1999 s'inscrit dans le bas de la fourchette des estimations des analystes. Attendue autour de 180 millions à 200 millions d'euros, la perte nette d'Usinor au titre de l'exercice 1999 est déjà de l'histoire ancienne, pour les investisseurs. En témoigne la hausse de plus de 60 % à 20,5 euros de la valeur, en décembre dernier, avant de subir le contrecoup de l'engouement pour les valeurs de la " nouvelle économie ", qui a provoqué un retour du titre au niveau de son cours de l'été dernier. Concrètement, plusieurs éléments exceptionnels, tels que des provisions à caractère social et des moins-values sur activités cédées, vont grever le résultat net, tandis que la morosité du secteur de l'acier et plusieurs incidents techniques ont déjà provoqué un déficit net de 213 millions d'euros au cours des seuls six premiers mois de l'année.Hors élément exceptionnel, le resultat net est négatif de 12 millions d'euros. Le résultat net consolidé (part du groupe) intégre une perte exceptionnelle de 166 millions d'euros constituée principalement de provisions pour restructurations et de diverses provisions liées à des pertes sur cessions.Le résultat d'exploitation s'élève à 271 millions d'euros, soit 2% du chiffre d'affaires, contre 415 millions en 1998. Le résultat d'exploitation du deuxième semestre d'un montant de 195 millions, représente 72% du résultat d'exploitation de l'année. Le chiffre d'affaires du groupe est 1999 s'est élevé à 13,6 milliards d'euros, en progression de 24,4% par rapport à l'exercice précédent, mais a baissé de 8,4% à périmètre constant.Mais ces éléments étaient déjà largement intégrés par les investisseurs. Ceux-ci attendaient davantage les anticipations du géant de la sidérurgie sur les prix de l'acier à un horizon de deux ans et des commentaires sur l'état d'avancement du programme de restructurations que ses comptes annuels. Or après le trou d'air de ces deux dernières années, les perspectives sont positives. " Les clients commencent à craindre de manquer d'acier ", exulte déjà Francis Mer, président d'Usinor.Tout au plus la hausse la hausse de 1,4 % du chiffre d'affaires à périmètre comparable au cours des trois derniers mois de l'année dernière présage-t-elle pour l'heure d'un frémissement de l'activité. Un réveil d'autant plus encourageant que cette augmentation ne traduirait " pas encore les effets des hausses de prix intervenues sur presque tous les produits vendus par le groupe au cours du trimestre écoulé ", a déjà indiqué la direction.Par ailleurs, après les vastes plans de restructurations dernièrement engagés, les fondamentaux du groupe sont en forte amélioration. Suite au rachat de Cockerill, fin 1998, et à la cession progressive de son activité aciers inoxydables longs et alliages, Usinor se recentre dans la niche à forte valeur ajoutée des aciers plats au carbone. Et si le groupe est loin d'être le seul à parier sur le créneau, la visibilité et la sensibilité des cours de ce secteur à une conjoncture aujourd'hui au beau fixe laisse présager une forte amélioration de la marge d'exploitation du groupe, dès cette année. A cet égard, l'émission de 437 millions d'euros d'obligations de conversion ou d'échanges d'actions nouvelles ou existantes (Oceane), début février, si elle permet un refinancement à bon prix du lourd endettement de la société, peut aussi représenter un préalable à une accélération du recentrage de l'entreprise par croissance externe. Une acquisition que la valorisation actuelle de la société ne permet pas par échange de papier.Enfin, dernier point surveillé de près par les investisseurs, la stratégie du groupe en matière de e-business. La montée en puissance de plates-formes électroniques de transactions d'aciers, notamment de la part des constructeurs automobiles, illustre la nécessité d'une stratégie cohérente en la matière.Mais en dépit de l'amélioration attendue des fondamentaux, le groupe ne parvient pas à retrouver les faveurs du marché. La désaffection des investisseurs vis-à-vis du secteur n'explique pas tout. Malgré son recentrage sur un métier à fortes marges relatives et le rebond des prix dans sa niche de marché, Usinor, qui se paye à peine six fois son résultat net attendu l'année prochaine, continue de subir une large décote vis-à-vis de ses concurrents.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.