Le titre Deutsche Telekom perdait 9,54%, à 50 euros, lundi en fin d'après-midi à la Bourse de Francfort, quelques heures après l'annonce officielle du lancement d'une offre de rachat de l'opérateur mobile américain VoiceStream pour un total de 50,7 milliards de dollars (54,5 milliards d'euros). La transaction se fera sous forme de liquide et d'échanges d'actions. Les actionnaires de VoiceStream recevront ainsi 3,2 actions Telekom plus 30 dollars pour une action VoiceStream. L'opération concerne 259 millions d'actions VoiceStream. L'offre de Deutsche Telekom valorise l'action VoiceStream à 195,05 dollars, soit une prime de 30% sur le cours de clôture de vendredi soir. Mais surtout, l'offre valorise VoiceStream a plus de 20 000 dollars par abonné, un prix jugé excessif par de nombreux investisseurs : à titre de comparaison, le mois dernier, France Télécom a pris le contrôle d'Orange pour environ 6 000 dollars par abonné. Ron Sommer, le PDG de Deutsche Telekom, a précisé lundi après-midi que l'acquisition de VoiceStream n'aurait pas d'impact positif sur le résultat par action du groupe avant 2004. L'un des membres de son conseil d'administration, Jeffrey Hedberg, a par ailleursdéclaré que le groupe n'excluait pas d'autres acquisitions, en Europe ou en Asie.Deutsche Telekom compte, pour se financer, émettre 828,8 millions d'actions. Le groupe allemand reprendra par ailleurs des créances de VoiceStream à hauteur de 5 milliards de dollars. La transaction devrait être achevée au cours du premier semestre 2001, sous réserve de l'accord des autorités de cartel. Trois actionnaires stratégiques de l'opérateur de téléphonie mobile américain VoiceStream, le finlandais Sonera (propriétaire de 7,9% du capital) et le hongkongais Hutschison Whampoa (22%) et l'américain TDS (14%), ont annoncé dès lundi leur intention d'apporter leurs titres à l'offre lancée le jour même par Deutsche Telekom. En échange de ses titres, Sonera recevra donc l'équivalant de 3,7 milliards de dollars, décomposés en 569 millions de dollars en cash et 60,7 millions de titres Deutsche Telekom et réalisera une plus-value de près de 2,8 milliards de dollars. De son côté, Hutschison recevra au total 10,68 milliards de dollars pour ses titres et TDS (Telephone & Data Systems) 113,9 millions d'actions Deutsche Telekom et un peu plus d'un milliard de dollars en cash. Au terme de l'opération, la part de l'Etat allemand dans l'ex-monopole tombera de 58 à 45% environ, tandis qu'Hutchison Whampoa deviendra l'un des principaux actionnaires du groupe avec 4,6% du capital.Mais le principal foyer de résistance au projet pourrait se trouver au Congrès américain, qui a entamé l'examen d'un projet de loi loi interdisant à un opérateur étranger contrôlé à plus de 25% par un Etat de racheter une entreprise américaine.La Commission de Bruxelles a manifesté officiellement lundi son inquiétude sur ce point. "Si cette loi devait être adoptée, elle aurait des conséquence négatives", a indiqué son porte-parole, Michael Curtis. Elle serait "contraire aux engagements américains à l'Organisation mondiale du commerce (OMC)".Il est en principe interdit, aux Etats-Unis, de délivrer une licence à un opérateur de télécoms détenu à plus de 25% par une puissance étrangère. L'Autorité de régulation des télécoms, la FCC (Federal Communications Commission), peut toutefois délivrer une autorisation exceptionnelle si cela lui paraît servir l'intérêt général.VoiceStream, née l'an dernier d'une scission de Western Wireless, comptait 2,3 millions d'abonnés mobiles à la fin du premier trimestre 2000. L'entreprise, qui a racheté en mai Aerial et Omnipoint, dispose d'une couverture très importante aux Etats-Unis : son réseau est présent sur 23 des plus importants marchés du pays, regroupant les trois quart de la population. VoiceStream utilise en outre une technologie très proche de la norme européenne GSM. La société a une capitalisation boursière de 32 milliards de dollars.

latribune.fr

20 Oct 2008, 8:46

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