La modération de l’inflation américaine en décembre apaise les marchés obligataires

Le taux de chômage a beau caracoler à son plus bas niveau depuis 30 ans de 4,1 %, entraînant des pressions croissantes sur le marché du travail, le pétrole a eu beau se renchérir de près de 150 % l'année dernière, rien n'y fait. Les prix à la consommation ont crûs de 0,2 % en décembre et de 0,1 % en excluant les composantes alimentation et énergie. Résultat, le " noyau dur " de l'inflation a été limitée sur l'ensemble de l'année dernière à 1,9 %, soit le plus faible rythme de progression depuis 34 ans.Ces statistiques s'ajoutent aux divers éléments accréditant la thèse de la " nouvelle économie ", gage d'une forte croissance non inflationniste. Résultat, le rendement du titre d'Etat américain (Tbond) de référence à 30 ans s'est détendu de 4 points de base à 6,66 %, apaisant le climat sur les marchés obligataires européens, le rendement du Bund à 10 ans perdant deux points de base à 5,48 %.Mais les risques de surchauffe et donc, les anticipations de plusieurs hausses des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine, n'en ont pas pour autant disparues. Les stocks des entreprises américaines ont augmenté de 0,9 % en novembre d'un mois sur l'autre, tandis que les ventes ont augmenté de 1,3 %, soit des rythmes nettement plus élevés que prévus. Enfin, la production industrielle a augmenté outre-Atlantique de 0,4 % en décembre, pour amener sa progression annuelle à 5 %. De quoi anticiper une hausse soutenue du PIB au quatrième trimestre, même si les entreprises devraient, de l'avis de nombreux économistes, revoir à la baisse leur rythme de stockage au début de l'année 2000.Fidèle à son approche résolument préventive et inquiets face aux déséquilibres croissants sur le marché du travail et à l'exubérance de Wall Street, Alan Greenspan continue d'alimenter les anticipations de tours de vis imminents. " Si nous étions certains que la croissance économique pouvait n'être nourrie que par des gains de productivité et une croissance de la population en âge de travailler, y compris l'immigration, nous ne serions pas inquiets de distorsions inflationnistes potentielles, a-t-il déclaré, jeudi soir à New York, tout en énumérant les déséquilibres menaçant la stabilité de l'économie américaine. Mais nous ne pouvons en être certains parce que nous sommes confrontés à des forces économiques mondiales qui sont nouvelles ".C'est pourquoi l'ampleur des hausses des taux directeurs intégrées dans le prix des contrats à terme et les obligations restent intactes. " Alan Greenspan est pris à son propre piège : souhaitant faire reculer le Dow Jones, il a réussi à générer une nette déprime des marchés obligataires, qui anticipent un plus ou moins fort resserrement monétaire américain. Si bien que, malgré l'absence avérée de surchauffe inflationniste, le taux objectif des federal funds risque d'être relevé uniquement parce que les marchés l'ont pricé ", constate Marc Touati, responsable des études économiques chez Natexis Banques populaires.Il est vrai que la Bourse américaine fait peu de frais du relèvement de 75 points de base des taux directeurs américains en 1999 et des prévisions d'une poursuite du tour de vis. Après avoir accusé un net repli en novembre, lors de la dernière hausse des taux, et au début du mois de janvier, à cause de l'absence de turbulence sur les marchés à la suite du passage en 2000, le Nasdaq a notamment gagné 2,78 % jeudi, pour ouvrir ce matin en progrès de 2,27 % à 4.047 points. Alan Greenspan a encore du travail.
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