Dans un contexte boursier particulièrement défavorable, T-Online, premier fournisseur d'accès à Internet européen, a parfaitement réussi son entrée sur le Neuer Markt, le marché allemand des valeurs high-tech. Le titre gagnait 38,8% en clôture, à 37,50 euros, dans un volume impressionnant de plus de 500 millions d'euros. Après avoir ouvert en hausse de 5,5%, l'action n'a quasiment pas cessé de s'apprécier tout au long de la séance, notamment après l'ouverture positive de Wall Street. L'arrivée en fanfare de la filiale de Deutsche Telekom a aidé l'ensemble du marché allemand à réduire ses pertes : l'indice DAX, qui perdait 4% en début de matinée, limite son recul à 0,38% en clôture et le Nemax 50, l'indice du Neuer Markt, perd 1,24% après avoir ouvert en chute de 8,24%. Après la chute du Nasdaq de près de 10% vendredi, Deutsche Telekom avait opté pour la prudence en fixant ce week-end le prix de vente de l'action T-Online à 27 euros, juste au-dessus du prix plancher de la fourchette annoncée le 2 avril dernier, entre 26 et 32 euros. Et ce malgré le succès de l'opération, tant auprès du grand public que des institutionnels : au total, l'offre de 100 millions de titres (10% du capital) a été sursouscrite vingt fois. On reste cependant loin du record atteint par Infineon AG, dont les titres avaient été sursouscrits trente-trois fois avant son introduction, le mois dernier. Au total, la mise en Bourse de T-Online aura rapporté plus de 3,08 milliards d'euros à Deutsche Telekom. Des capitaux qui devraient être consacrés au développement international de T-Online, en priorité en Europe de l'Ouest. Le PDG du groupe, Ron Sommer, s'est félicité du succès de l'opération en affirmant que l'action T-Online avait des "perspectives de croissance sensationnelles", même si elle appartient à un segment caractérisé par une forte volatilité. Il a par ailleurs confirmé sa volonté de placer en Bourse en juin une troisième tranche du capital de Deutsche Telekom. Egalement sur l'agenda du groupe : l'entrée de T-Online dans l'indice Nemax 50 du Neuer Markt, prévue pour le 19 juin.T-Online revendique la place de deuxième fournisseur d'accès à internet dans le monde, après America Online. Avec 5,3 millions d'abonnés, la filiale de Deutsche Telekom reste cependant loin derrière le géant américain (21 millions d'abonnés). Elle est par contre le leader incontesté du marché européen, même si son développement international est assez limité. Si l'acquisition, en février 2000, de Club-Internet (ancienne filiale du groupe Lagardère) a permis à T-Online de prendre position sur le marché français, 88 % de sa base d'abonnés reste localisée en Allemagne. Deutsche Telekom estime que le chiffre d'affaires de T-Online devrait atteindre 2 milliards d'euros en 2002, contre 428.4 millions en 1999. Il y moins de deux mois, l'entrée en bourse de T-Online se serait déroulée sans histoire. Avec la chute du Nasdaq, le contexte boursier est cependant devenu particulièrement défavorable aux valeurs Internet, comme l'ont montré les introductions très agitées de Lastminute.com au Royaume-Uni ou de World Online aux Pays-Bas ces dernières semaines. Mais pour confirmer le succès de ses débuts en Bourse, T-Online devra rassurer ses actionnaires sur sa capacité à dégager rapidement du profit. En effet, alors que la société a affiché un bénéfice de 8,3 millions d'euros en 1997 et de 12,6 millions en 1998, ses pertes se sont élevées à 5.,4 millions d'euros en 1999. Le Financial Times Deutschland a même annoncé que T-Online avait enregistré une perte avant impôt et intérêts de 3,07 millions d'euros au cours des deux premiers mois de l'année 2000. Deutsche Telekom met ces performances financières médiocres sur le compte d'investissements massifs mis en oeuvre par sa filiale pour conquérir de nouveaux abonnés et développer de nouveaux services. A l'appui de cette affirmation, sa maison mère estime que T-Online "recrute " 200 000 nouveaux clients par mois. Elle met également en avant le développement des accès à haut débit et annonce un objectif de 50 % d'abonnés connectés par l'ADSL ou le câble d'ici 2002. Ces éléments devraient permettre à la société d'équilibrer ses comptes dès 2002.

latribune.fr

20 Oct 2008, 10:26

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