La croissance américaine fortement révisée à la hausse

Hausse du Nasdaq, repli de plus de dix points de base à 6,34 % du rendement du titre d'Etat américain de référence à 10 ans, les investisseurs ne se sont pas ému outre mesure de la révision en forte hausse de la progression du PIB américain au quatrième trimestre 1999. Tout d'abord, tandis que plusieurs hausses graduelles des taux d'intérêts de la Réserve fédérale sont déjà largement anticipées par les marchés, toute confirmation de la vigueur de la conjoncture ne fait que confirmer ces prévisions et dissiper les incertitudes sur le calendrier des autorités monétaires.D'où l'accueil paisible aux dernières statistiques et la poursuite du rally obligataire initié à la fin du mois de janvier. Climat d'autant plus calme que le président de la Fed, Alan Greenspan, a adouci le ton, lors de la deuxième partie de son audition " Humphrey Hawkins " devant le Sénat, en se déclarant confiant dans une croissance durable non inflationniste entre 4 % et 5 %. But recherché, limiter le repli de Wall Street pour ne pas accentuer les réallocations de portefeuille en direction des marchés obligataires et mécaniquement, la baisse des taux à long terme.Dans ce contexte, la Fed a toutes les raisons pour poursuivre son tour de vis progressif, ce que les marchés ont déjà largement intégré dans leurs anticipations, sans toutefois trop effrayer la Bourse. D'autant que les conditions monétaires outre-Atlantique, encore nettement accommodantes, sont de fait assouplies par la baisse continue des taux à long terme. Du fait de la hausse de l'inflation depuis quelques mois, les taux courts réels sont aujourd'hui moins élevés qu'ils ne l'étaient au cours en automne 1998. Une situation que ne pourra cautionner la Fed, inquiète des " déséquilibres croissants de l'économie américaine " et de l'impact puissant de l'essor de l'effet de richesse induit par la progression des avoirs boursiers des ménages américains sur leur consommation. Une seule solution, dans ce cadre, couper plus avant le robinet du crédit.Mais l'essor du Nasdaq cache une réalité contrastée, comme le repli de 15 % du Dow Jones autour de 10.000 points depuis la mi-janvier en témoigne. " L'accélération de la divergence des indices boursiers et l'aplatissement de la courbe des taux sont des signaux d'un changement d'opinion sur les effets du développement de la nouvelle économie sur l'activité globale ", relativisent les économistes de Natexis Banque. En ligne de mire, une perplexité croissante sur le bien-fondé du paradigme, tant vanté par les investisseurs, d'une forte croissance durable et non inflationniste. Les annonces, la semaine prochaine, de l'évolution des dépenses et des revenus des ménages américains en janvier, de l'indicateur de confiance des consommateur et de l'indice NAPM du moral des industriels aux Etats-Unis en février devraient d'ailleurs confirmer la vigueur de la conjoncture et ajouter aux craintes de tensions inflationnistes.Reste que la baisse des rendements à long terme américains n'a pas empêché l'euro de sombrer de nouveau autour de ses plus bas niveaux historiques, vers 0,978 dollar. Selon les économistes, la stabilisation du Nasdaq, sinon son repli, et un rétrécissement de l'écart de croissance de part et d'autre de l'Atlantique paraissent de plus en plus comme un préalable à un rattrapage de la devise de la zone. Par ailleurs, le vice-président de la Banque centrale européenne, Christian De Noyer, a écarté la probabilité d'une hausse des taux directeurs européens à court terme, entretenant la fébrilité de l'euro. Au risque d'accentuer les risques de tensions inflationnistes importées et d'ajouter à la fébrilité des marchés obligataires européens.
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