Le monde arabe ne représente que 0,1% des sites Internet, alors que qu'il pèse 4% du commerce mondial. Forts de ce constat, Jérôme Mendiela et Guy de Jacquelot, fondateurs d'e-tabadol, ont lancé un pari : développer une place de marché entre l'Europe et les mondes arabe et perse. Baptisée " e-tabadol " (en arabe, tabadol signifie échanges), l'entreprise vise d'emblée une " grosse niche " : 22 pays - du Maroc à l'Iran - totalisant 340 millions d'habitants qui ont généré en 1998 365 milliards d'euros d'échanges, 400 milliards en comptant les investissements directs. Un volume d'échanges fortement corrélé au cours du baril de pétrole, ce qui laisse espérer une forte croissance pour les prochaines années : en 1998, le baril valait en moyenne 11 dollars. Autres caractéristiques de ces flux commerciaux : ils sont essentiellement importateurs. Pas question pour e-tabadol de chercher à prendre place sur le marché du pétrole (22% des échanges) ou sur celui des gros contrats (18%) : ils mobilisent des circuits commerciaux trop spécifiques. La société se concentre sur cinq marchés : les matériaux de construction, les biens d'équipement, le textile, l'agro-alimentaire et l'informatique. Des transactions petites et moyennes, entre 50 et 500.000 euros. Suffisamment importantes et nombreuses pour que e-tabadol vise un potentiel de 20.000 entreprises françaises. Le site permettra également aux entreprises des pays arabes de faire des offres de sous-traitance.La place de marché, accessible gratuitement jusqu'à la fin de l'année, sur abonnement ensuite pour 100 euros par an, inclut notamment un système de notation des acteurs présents sur le site, en partenariat avec des banques, des assureurs et la SGS (Société générale de surveillance). Des négociations sont en cours avec la Coface. Le besoin fréquent de tiers de confiance, de certification et de qualification est l'une des spécificités de ce marché, avec les problèmes de logistique, mais aussi le poids encore important des offices publics et le grand nombre d'entreprises aux activités multiples. " Nous devons évidemment prendre en compte les spécificités de ces transactions ", explique Jérôme Mendiela. Un bouquet de services (bases de données pays, fils d'informations, recrutement, agence de voyages spécialisée...) viendra compléter l'offre transactionnelle.La stratégie de développement d'e-tabadol prend évidemment en compte les spécificités du marché Internet dans le monde arabe. " Dans cette région, il faut accompagner l'éclosion d'Internet, explique Jérôme Mendiela. Deux millions d'Arabes ont accès à Internet aujourd'hui ; ils seront 12 millions fin 2002. " Cet " accompagnement " passe par des partenariats avec des acteurs économiques locaux, banques, centres d'affaires ou fournisseurs d'accès. Parallèlement, e-tabadol discute avec des banques locales pour ouvrir des filiales communes sur le terrain. Le processus est déjà bien avancé avec la STB, une banque publique tunisienne.En Europe, le développement commercial passera pour l'essentiel par les syndicats professionnels. Mais e-tabadol n'exclut pas des alliances avec des sites verticaux européens. " Nous référençons surtout des flux d'acheteurs, nous pouvons donc intéresser des sites verticaux qui, eux, agglomèrent surtout des vendeurs. Certains ont déjà pris contact avec nous ", explique Jérôme Mendiela.Lancée avec 3 millions de francs apportés par ses fondateurs, e-tabadol emploie aujourd'hui 13 personnes et affiche des objectifs financiers relativement modestes " notre business-model fonctionne avec moins de 2% de part de marché, assure Jérôme Mendiela. Si nous parvenons à convaincre 5.000 entreprises de venir travailler avec nous, le pari sera gagné ". La société entend équilibrer ses revenus entre les abonnements, les frais de dépôts des offres et les commissions prélevées sur les transactions conclues (de l'ordre de 0,3%). D'ores et déjà, une nouvelle levée de fonds est en cours, pour financer l'implantation de deux filiales locales au cours des neuf mois qui viennent.

latribune.fr

20 Oct 2008, 11:06

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