Le couple franco-allemand à l'épreuve du ralentissement américain

Quelle réponse le couple franco-allemand, moteur de l'Union européenne, peut-il apporter aux premiers signes de ralentissement apparus dans la zone euro ? C'est en filigrane la question qui est posée aux ministres de l'Economie et des Finances français et allemand réunis pour deux jours à Rouen. La dégradation de la conjoncture dans les deux pays a trouvé cette semaine des illustrations avec notamment la publication de l'enquête conjoncturelle dans l'industrie française qui montre que le pessimisme des patrons allemands commence à gagner les chefs d'entreprises de l'Hexagone. Dans une première conférence de presse, Laurent Fabius a pris acte du ralentissement de l'économie mondiale, tout en estimant que ce ralentissement est moins marqué en Europe. Le locataire de Bercy estime également que la croissance française résiste bien. Son homologue allemand au ministère de l'Economie, Hans Eichel, juge de son côté que "la croissance allemande reste sur une base solide". Ernst Welteke, gouverneur de la banque centrale allemande présent à Rouen, a reconnu lui aussi que "le contexte économique et monétaire est marqué par des incertitudes". Face à ces perspectives de ralentissement, les attitudes des deux pays diffèrent considérablement. La France a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2001 à 2,9% au lieu de 3,3% précédemment. En revanche, l'Allemagne campe sur ses positions, tablant toujours sur une croissance de son PIB cette année de 2,75%. Les économistes spécialistes de la zone euro considèrent dans leur grande majorité ce pronostic comme trop optimiste. Ils parient plutôt sur une croissance de 2%. Si ce scénario se réalisait, cela ferait de l'Allemagne l'un des plus mauvais élèves de la zone et cela poserait également la question de l'écart de croissance entre les deux pays. Dans ce contexte, les deux grands argentiers se penchent sur la décision prise hier par la Banque centrale européenne (BCE) de maintenir inchangés ses taux d'intérêt, prenant le risque à la fois d'affaiblir l'euro mais aussi de retarder le moment d'insuffler un peu d'air dans les poumons d'une économie européenne qui montre des signes d'essouflement. Laurent Fabius et Hans Eichel ont pris bien soin de ne pas commenter le choix de la BCE, laissant à Ernst Welteke et à Jean-Claude Trichet, gouverneur de la Banque de France et membre du conseil de la Banque centrale européenne, le soin d'expliquer l'attitude attentiste de l'institut de Francfort. Jean-Claude Trichet a réitéré ses propos de la semaine dernière, estimant que sur le plan monétaire les risques inflationnistes s'atténuaient. Mais il a ajouté que la BCE surveillait l'effet inflationniste des salaires. Quant à Ernst Welteke, il a justifié l'attitude de la Banque centrale européenne, estimant que "sa politique n'était pas restrictive". Ce matin, les marchés des changes ont lâché l'euro qui est repassé sous 0,88 dollar avant de se reprendre légèrement. A la mi-journée, la monnaie unique s'échangeait contre 0,8808 dollar. latribune.f
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