Levée de boucliers en Italie contre EDF

En prenant 20% du capital de Montedison et en devenant ainsi le premier actionnaire de ce groupe privé italien, EDF a suscité une levée de boucliers à son encontre dans les milieux politiques de la péninsule. Le ministère du Trésor italien a ainsi exprimé ce matin sa "totale opposition" à l'initiative du groupe public français.Un porte-parole du ministère a déclaré que son administration est "absolument déterminée à empêcher l'opération". Les autorités italiennes se refusent à croire qu'il s'agit de la part d'EDF d'un simple investissement financier, contrairement à ce qu'affirme ce dernier. L'hostilité envers l'entrée en force du groupe public français dans Montedison fait d'ailleurs l'unanimité en Italie. Antonio Marzano, proche collaborateur du futur président du Conseil Silvio Berlusconi, qui pourrait être ministre de l'Industrie et de la Production dans le nouveau gouvernement, a estimé que: "C'est à l'évidence une OPA, on ne peut parler d'investissement financier à un niveau de 20%". C'est ce matin que l'électricien français a annoncé détenir 20% de Montedison. Dans un communiqué, EDF répète que sa montée dans le capital du groupe italien n'est pour lui qu'une "opération financière". Il s'agit, précise EDF, de prendre position "dans l'actionnariat d'une société holding qui héberge un pôle énergétique important, Edison et Sondel ". L'entreprise publique poursuit en indiquant qu'"en l'état, EDF considère que le niveau de sa participation reflète bien l'objectif fixé en début d'opération", à savoir suivre une stratégie fondée sur des prises de participation dans divers actifs énergétiques européens. Et selon des sources proches du dossier citées par Reuters, "EDF s'en tiendra à ce stade à ce niveau de participation. Il s'agit d'une prise de participation minoritaire et non pas d'une prise de contrôle".L'irruption d'EDF dans le capital de Montedison intervient en pleine bataille pour le contrôle du groupe engagé dans un recentrage de ses activités. D'un côté, la banque Mediobanca prône la fusion avec Falk, ancien groupe sidérurgique reconverti dans l'énergie. Mais l'autre camp, formé par la société Carlo Tassara, les banques Banco di Roma et Sanpaolo-IMI, a fait capoter ce projet le 27 février dernier. Dans ce contexte délicat, l'annonce la semaine dernière de l'arrivée de l'entreprise française dans le capital de Montedison avait particulièrement irrité les autorités politiques italiennes, qui avaient rappelé leur opposition "à l'entrée de sociétés publiques jouissant d'un monopole dans le capital de sociétés privées", surtout "lorsque celles-ci opèrent dans des secteurs en voie de libéralisation".Et cette hostilité n'a pu qu'être décuplée par le fait que, en prenant 20% de Montedison, EDF en est désormais le premier actionnaire, devant Mediobanca (15%), le groupe Tassara-Zaleski (10,26%) et Generali (6,09%).A la Commission européenne, on observe les événements avec circonspection. La porte-parole du commissaire européen à la Concurrence, Amelia Torres, a jusqu'ici rappelé à plusieurs reprises que la prise de participation minoritaire d'EDF ne contrevenait pas aux règles communautaires. Pour la collaboratrice de Mario Monti, l'électricien français "se conforme à la directive sur la libéralisation du secteur de l'énergie et a ouvert 30 % de son marché domestique à la concurrence". Ce matin, Amelia Torres a cependant souligné que le groupe public français devra informer de lui-même la Commission européenne de sa montée dans le capital de l'italien Montedison au cas où sa participation entraînerait une prise de contrôle effective. EDF n'avait pas effectué mardi de démarche de ce type, a expliqué Mme Torres. La Commission serait également obligée de se saisir du dossier si une plainte était déposée à Bruxelles par un concurrent d'EDF, ce qui n'était également pas le cas mardi.D'après les explications fournies par Mme Torres, tout dépendra du pouvoir qu'une telle participation donnerait au groupe français vis-à-vis de Montedison. Si elle entraîne une prise de contrôle effective, un feu vert de la Commission est indispensable et ses services devraient être automatiquement saisis par EDF sous peine de lourdes amendes. A la Bourse de Milan, le titre Montedison a terminé la séance sur une baisse de 4,70% à 2,921 euros.latribune.f
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