« L'emploi américain réagit avec retard au ralentissement de la production »

La Tribune.fr - Comment expliquez vous l'ampleur des destructions d'emplois au mois de mars ?Alexandra Estiot. - Même dans une économie aussi flexible que les Etats-Unis, il existe nécessairement un décalage entre la réduction des débouchés et l'ajustement de la main d'oeuvre. Ce décalage est d'autant plus important que les entreprises américaines ont longtemps été frustrées dans leur désir de recruter. On paie donc aujourd'hui seulement, notamment dans les services, les conséquences du ralentissement économique brutal connu à la fin de l'année dernière.A cela se sont ajoutés des facteurs climatiques qui ont brouillé la lecture des chiffres de l'emploi américain depuis le début de l'année. En janvier et en février, le temps clément a apporté un soutien artificiel à l'emploi dans les secteurs de la construction et de la distribution. L'ampleur des destructions d'emplois au mois de mars est donc en partie liée à la disparition de ce facteur technique. Le marché du travail va-t-il continuer à se dégrader aux Etats-Unis ?La conjugaison du ralentissement dans l'industrie et dans les services devrait aboutir à une nouvelle montée du taux de chômage au cours des prochains mois. Nous attendons une croissance quasiment nulle du PIB américain au cours du premier semestre et le marché de l'emploi s'en ressentira forcément. Les premiers signes d'amélioration ne devraient pas intervenir avant l'automne, quand le redémarrage de l'économie, que nous attendons pour cet été, commencera à communiquer au marché du travail.Le contexte n'est-il pas propice à une nouvelle baisse surprise des taux de la Fed ?Nous ne le pensons pas. La prochaine baisse des taux directeurs n'interviendra pas avant la réunion du comité de politique monétaire, le 15 mai. Comme à trois reprises depuis le début de l'année, la Réserve fédérale devrait opter pour une réduction d'un demi-point. Si les banquiers centraux agissent dans l'urgence, cela risque d'être interprété comme un signe d'affolement et de déclencher des réactions de panique sur les marchés.Propos recueilli par Jean-Noël Roffiae
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