"Nous préférons la dissuasion au contrôle"

"La Tribune" - Comment un investisseur à long terme comme CalPERS a-t-il adapté sa stratégie aux conditions actuelles du marché ?Mark Anson. - Après une période de hausse exceptionnelle entre 1999 et 2000, telle qu'on n'en voit qu'une seule fois dans sa vie, les marchés ont connu, début 2001, leur plus mauvais trimestre depuis longtemps. La volatilité, qui a plus que doublé en dix ans, continue d'être très élevée, et s'accompagne d'un ralentissement économique général. Nous avons constaté une hausse des pré-annonces de résultats par les entreprises, et la plupart étaient négatives. Dans un tel contexte, il est essentiel de prendre du recul, et de diversifier son portefeuille en élargissant les opportunités d'investissement. Mais aujourd'hui, il me semble que les investisseurs tiennent davantage compte des fondamentaux économiques que des tendances haussières ou baissières des marchés. La situation est donc plus saine. Mais il faudra encore quelques trimestres pour une amélioration durable.Comment CalPERS fait-il respecter, en dehors des Etats-Unis, ses critères d'investissement liés à l'éthique et au gouvernement d'entreprise ?Tout d'abord, nous choisissons des gérants qui respectent déjà ces principes. D'autre part, nous sortons de leurs indices de référence (benchmark) les sociétés dans lesquelles nous ne souhaitons pas investir, comme par exemple celles faisant parti de l'industrie du tabac. Ainsi, s'ils choisissent d'investir malgré tout dans ces sociétés, ils parient alors contre leur indice, ce qui entraîne un risque supplémentaire. Il s'agit plus là de dissuasion que de contrôle.La magistrature morale de CalPERS sur les marchés américains ne risque-t-elle pas de créer des interférences avec sa position d'investisseur ?Certainement pas. CalPERS est trop soucieux de sa réputation, acquise depuis de nombreuses années, pour risquer de la perdre en influençant les marchés à mauvais escient. En outre, notre perspective d'investissement est de plusieurs décennies, une hausse à court terme artificiellement provoquée ne nous intéresse donc pas. C'est pourquoi nous sommes extrêmement prudent lorsque nous nous exprimons à propos d'une société.Propos recueillis par Renaud Maridet
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.