Allemagne : l'inflation se stabilise, l'hypothèse d'une baisse des taux de la BCE se renforce

L'inflation est demeurée stable en avril en Allemagne, à 2,2% sur un an, soit son plus bas niveau depuis avril 2021. De quoi renforcer la perspective d'une baisse des taux d'intérêt en zone euro dès la prochaine réunion de la Banque centrale européenne, prévue en juin.
Côté denrées alimentaires, les prix sont repartis en hausse en Allemagne en avril, après une baisse en mars qui marquait une première depuis début 2015.
Côté denrées alimentaires, les prix sont repartis en hausse en Allemagne en avril, après une baisse en mars qui marquait une première depuis début 2015. (Crédits : ERIC GAILLARD)

La hausse générale des prix s'est maintenue à son plus bas niveau depuis deux ans en avril outre-Rhin. L'inflation allemande est en effet demeurée stable par rapport à mars, à +2,2% sur un an, selon des chiffres provisoires publiés ce lundi 29 avril par l'office des statistiques Destatis. Sur un mois, les prix en Allemagne ont en revanche augmenté, mais seulement de +0,5%.

Côté denrées alimentaires, les prix sont repartis à la hausse, de 0,5% sur un mois, après la baisse de 0,7% en mars qui marquait une première depuis début 2015. Les prix des services ont, eux, continué d'évoluer au-dessus de l'indice général, gagnant +3,4% sur un mois, alors que les hausses importantes de salaires influent sur les prix finaux.

Quant aux prix de l'énergie, premier facteur de l'inflation depuis deux ans, ils ont baissé de -1,2% par rapport à avril 2023. Un recul qui s'avère toutefois moins rapide que celui de mars (-2,7%), sur fond de remontée des prix du carburant et de levée en avril de la réduction temporaire de TVA sur les prix du gaz et du chauffage urbain. Reste que, grâce au reflux plus fort qu'attendu des prix de l'énergie, le gouvernement allemand voit l'inflation afficher en moyenne +2,4% cette année contre +5,9% l'an dernier.

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Un argument de plus en faveur de la baisse des taux

Si l'on se penche sur l'indice global des prix harmonisé, qui sert de référence à la Banque centrale européenne (BCE), celui-ci a légèrement augmenté en avril, à +2,3% sur un an. Il reste toutefois proche de l'objectif à terme de 2% fixé par l'institution monétaire.

Quant au taux d'inflation sous-jacent - hors prix volatils de l'alimentation et de l'énergie - il est de 3,0%, en recul de 0,3 point de pourcentage par rapport à mars. Une bonne nouvelle selon Ulrich Kater, économiste chez Dekabank. « La poursuite de l'apaisement du taux d'inflation dit sous-jacent ouvre la voie à la Banque centrale européenne pour réduire ses taux d'intérêt en juin », a-t-il commenté.

Pour rappel, pour calmer l'inflation galopante dans la zone euro, la BCE a augmenté les coûts d'emprunt à un rythme sans précédent à partir de juillet 2022. Son principal taux directeur, celui sur les dépôts, a ainsi atteint son plus haut historique, à 4%, tandis que le taux de refinancement et le taux de facilité de prêt marginal se situent respectivement à 4,50% et 4,75%. Mais depuis octobre dernier, l'institution a opté pour le statu quo, laissant, à chaque réunion, ses taux à un niveau inchangé. Elle envisage désormais de les baisser et il semblerait que la date de sa prochaine réunion soit celle où cette décision sera actée, selon les récentes déclarations de ses dirigeants, dont la présidente Christine Lagarde. Le gouverneur de la Banque centrale de Lituanie, Gediminas Simkus, a même affirmé qu'il y avait une forte probabilité pour « qu'il y ait plus de trois baisses de taux cette année ». C'est la première fois qu'un banquier central s'avance à ce point sur ce sujet.

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L'Allemagne retrouve des couleurs

Après des mois de difficultés et de publications de données moroses, l'Allemagne voit en tout cas son économie reprendre des couleurs. Outre cette stabilisation de l'inflation, la Banque fédérale allemande a observé ces dernières semaines « une production industrielle légèrement plus élevée » ainsi qu'une « augmentation des exportations de biens ». Or, l'industrie et les exportations sont les deux piliers du modèle allemand. Dans ce contexte, le gouvernement allemand a relevé la semaine dernière sa prévision de croissance pour l'année en cours, la faisant passer de +0,2% à +0,3%. Ce qui resterait faible mais néanmoins bien supérieur à 2023, où le produit intérieur brut (PIB) allemand a reculé de -0,3%.

Les autorités allemandes restent toutefois prudentes. « Dans l'ensemble, il n'existe toujours aucun signe d'amélioration durable de l'économie allemande », rappelle la Banque fédérale allemande précisant que demeure, dans le même temps, le renchérissement du crédit, l'incertitude politique et la faible demande. Pas de quoi crier victoire outre-Rhin, seulement de souffler un peu.

(Avec AFP)

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