« La récession est évitée grâce à la Fed »

« La Tribune ».- Que va faire la Fed ce soir ?Jean-Pierre Petit.- Les paris sont ouverts sur l'ampleur de la baisse, 25 ou 50 points de base. On peut parier pour 50 points si l'on estime que les Etats-Unis ne sont pas encore tirés d'affaire : chute du secteur high-tech et de l'investissement, dégradation du marché de l'emploi « menaçant » la consommation privée. Ensuite, les conditions financières générales, qui incluent aussi le dollar, les taux longs et la Bourse, restent contraignantes, malgré les 250 points de base de baisse cumulée des fed funds. Enfin, le délai qui s'écoulera entre la réunion du 26-27 juin et la prochaine, le 21 août, plaide aussi pour une détente de 50 points. Mais d'un autre côté, les chiffres récents sont encourageants, ce qui favoriserait plutôt la modération. De plus, une baisse agressive pourrait être mal accueillie par le marché obligataire, car susceptible d'attiser les anticipations inflationnistes.Quel serait l'impact sur le marché d'une nouvelle baisse?Dans la mesure où une baisse de 50 points de base n'est actuellement anticipée qu'à environ 50 %, cela devrait être bien accueilli à court terme par le Nasdaq. C'est ainsi que cela s'est produit pour les baisses de taux impromptues et non anticipées de janvier et d'avril ainsi que pour celle du 18 mai, décidée lors d'une réunion régulière, mais qui n'était pas totalement dans les cours. Cela étant, une baisse de 25 points permettrait de valider la confiance de la Fed quant aux perspectives d'activité et préserverait un potentiel de baisses ultérieures. Beaucoup dépendra aussi de la teneur du communiqué de la Fed.La baisse précédente ne paraît pas avoir eu beaucoup d'effets ?Je pense au contraire que la Fed a déjà évité au pays une sévère récession ; stabilisation de la confiance des ménages et entreprises, rééquilibrage de la courbe des taux (favorable aux banques), détente des spreads (écarts de rendements) depuis la fin 2000, poursuite du crédit aux entreprises et aux ménages, allégement des charges d'endettement, etc. Ces effets vont continuer de se diffuser dans l'économie et fournir une base, avec les baisses d'impôts, pour un rebond de l'activité (hors high-tech) à partir du troisième trimestre, même si la reprise n'est pas aussi forte que ce qui avait été espéré antérieurement.Propos recueillis par Christophe Tricaud
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