Cisco tombe de son piédestal

Il faut dire qu'avec son « profit warning » de ce lundi de Pâques, le numéro un mondial des équipements de réseaux a fait tout ce qu'il faut pour faciliter la tâche de ses détracteurs. Un chiffres d'affaires en chute de 30 %, 3,7 milliards de dollars de provisions, 8.500 licenciements... Excusez du peu.Hier soir, Cisco est définitivement tombé de son piédestal. Il y vacillait de plus en plus nettement depuis quelques mois déjà. Mais là, franchement... On attend avec intérêt la réaction de Wall Street dès l'ouverture, ce matin. On se demande si on ne rêvait pas au soir du 24 mars 2000, à la clôture des marchés. Ce vendredi-là, Cisco affichait une capitalisation boursière de 579,12 milliards de dollars. Tout simplement la plus élevée du monde. Microsoft était relégué au deuxième rang, et plus d'un fin observateur vit dans ce passage de relais symbolique l'avènement de l'ère de l'Internet, qui marquait inévitablement le début de la fin de l'époque du logiciel triomphant.Voilà les visionnaires servis. Cisco ne pesait plus que 130 milliards de dollars sur le Nasdaq avant l'annonce de ses déconvenues, hier soir. C'est-à-dire tout de même deux fois et demie moins que Microsoft et trois fois et demie moins que le nouveau numéro un de Wall Street et du monde de la Bourse, General Electric. GE dont le patron, Jack Welch, passe d'ailleurs son temps à répéter que le principal intérêt de l'Internet est qu'il rend plus performantes les entreprises traditionnelles...Parcourir les coupures de presse de l'été dernier, c'est se donner l'impression de remonter d'un siècle. « Quelles sont les clés du formidable succès de Cisco ? » interroge un article consacré à l'inévitable ouvrage relatant l'épopée du groupe, paru voilà tout juste un an. Une journaliste éblouie du Sunday Telegraph britannique décrit John Chambers comme le « gourou du monde des affaires d'un bout à l'autre de la planète » et sidère ses lecteurs à l'annonce que ce maître de l'univers lui a consacré vingt-huit minutes. Pas moins. On passe sur les innombrables couvertures de magazine, les portraits dithyrambiques.L'épopée de Cisco est pourtant belle, du modeste réseau créé en 1984 par deux jeunes époux, Leonard Bosack et Sandra Lerner, à l'équipement de plus de 80 % du trafic mondial du « world wide web ». Soucieux de faire communiquer leurs ordinateurs en l'absence d'un réseau idoine, les deux jeunes professeurs de l'université de Stanford inventèrent le premier « routeur » de l'Internet. Quelques années plus tard, ils passèrent la main aux hommes d'affaires, non sans encaisser au passage un chèque de 170 millions de dollars.Après tout, il y a peut-être du bon dans les mauvaises nouvelles annoncées hier par Cisco. Car, dans la grande tradition américaine, ce qui vient après la grandeur, puis la décadence, c'est la résurrection.
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