Le marché inquiet après l'assignation de Schneider par Legrand

L'idée d'un mariage librement consenti, avec sourires et poignées de main, entre Schneider et Legrand appartient définitivement au passé. Désormais, l'heure serait plutôt au mariage forcé ou à la séparation pure et simple. Car depuis que la Cour européenne a cassé le veto de Bruxelles à la fusion, Legrand ne cesse de répéter qu'il ne veut plus s'unir au groupe d'Henri Lachmann, qui, lui, étudie toujours l'hypothèse d'un rapprochement (voir ci-contre). Dernière offensive en date: mardi, Legrand a assigné Schneider en référé devant le tribunal de Nanterre.Selon une source proche jointe par Reuters, Legrand reproche à son ancien partenaire un "manque d'information" et de ne l'avoir que "peu associé" aux discussions menées avec Bruxelles. Et ce alors qu'une clause prévoit que les "décisions concernant Legrand doivent être communiquées et agréées par François Grappotte [le PDG de Legrand]", ajoute un contact de l'AFP.Si l'ordonnace du tribunal ne devrait être rendue que vendredi, l'annonce de cette assignation suscite déjà quelques inquiétudes. Et en premier lieu, celle des investisseurs. Le titre Schneider recule de 2,42%, à 47,17 euros, mercredi soir.Du côté des analystes, on se veut également préoccupé. "Cette nouvelle officialise un peu plus la position de Legrand et obscurcit un peu plus une fusion des deux équipementiers électriques", note-t-on chez Aurel-Leven. "La rupture est véritablement consommée", surenchérit CIC Securities. Et la déception est d'autant plus grande que pour beaucoup, un rapprochement ferait sens sur le plan industriel.Certains n'estiment pas pour autant que l'idée d'un rapprochement est à écarter. "Les dirigeants de Legrand réagissent tardivement, cela apparaît comme une dernière tentative pour bloquer ou retarder la fusion, mais cela ne devrait pas avoir un impact significatif (...), les chances de voir la fusion menée à bien restent supérieures à 50%. Le seul point d'achoppement éventuel serait une éventuelle position dominante en France", précise l'analyste d'un établissement français. D'ailleurs, la profession estime que Schneider doit poursuivre ses efforts.Mais même dans cette hypothèse, le comportement de Legrand inquiète. Car les dirigeants ont fait part de leur préoccupation, et de celle de leurs salariés, vis-à-vis de démembrements auxquels serait soumis le groupe. Et ils ont déclaré préférer être repris par Wendel Investissement. Dès lors, une reprise forcée par Schneider ne se ferait certainement pas sans heurts. "Si Schneider passe en force, ce qui ne peut pas être exclu, on peut imaginer qu'une certaine partie du management [de Legrand] quitte le navire contraint et forcé. Compte tenu de l'identification entre le management et la base dans ce groupe, où tous se sont toujours serrés les coudes, cela laissera probablement des traces au moment de l'intégration", prévoit-on chez CIC Securities.Le prochain acte devrait se jouer le 26 novembre prochain, date à laquelle Bruxelles doit faire part de sa position sur le dossier. A moins que la Commission ne souhaite s'accorder un délai supplémentaire, le temps de procéder à un examen approfondi...
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