L'Unedic au fond du trou en 2002

Après deux exercices excédentaires, l'Unedic va renouer avec les déficits. A la fin de cette année, le régime d'assurance chômage s'attend à afficher un "trou" de 3,689 milliards d'euros. S'il se confirmait, ce résultat serait non seulement le plus mauvais de ces quinze dernières années, mais il mettrait les partenaires sociaux au pied du mur au moment d'envisager les mesures destinées à assurer le redressement de ces comptes. Dans ses commentaires, l'Unedic souligne que "le ralentissement de l'activité économique observé en 2001 et son aggravation en 2002 ont des effets marqués sur le marché du travail et un impact fort sur les dépenses et recettes de l'assurance chômage". Lors de sa précédente estimation en juillet, l'Unedic pensait accuser un déficit de 2,4 milliards d'euros. Depuis, la situation a empiré.Ce dérapage - après un excédent de 247 millions en 2001 - est bien sûr le fait d'une croissance moindre que prévu mais il est aussi imputable à l'explosion des dépenses. Celles-ci devraient augmenter de 17% à 26,229 milliards d'euros. Cette inflation est notamment due à la proportion croissante de chômeurs indemnisés, qui atteindrait 52% aujourd'hui, après avoir oscillé entre 43 et 44% entre 1995 et 2000. Entre janvier 2001 et septembre 2002, le nombre de chômeurs indemnisés a augmenté de 415.700 personnes. Ce phénomène a une raison technique, puisque depuis janvier 2001 des demandeurs d'emplois qui n'étaient pas indemnisables auparavant le sont devenus: il s'agit des personnes ayant travaillé quatre mois au cours des dix-huit mois précédents. Avant janvier 2001, il fallait avoir travaillé au minimum quatre mois au cours des huit mois précédents. Par ailleurs, la forte croissance des cinq années passées a permis aux salariés de se constituer des droits importants et surtout plus longs. Quant aux recettes, elles sont bien évidemment sous pression. La montée du chômage induit mécaniquement une réduction des cotisations encaissées. A la fin 2002, les recettes devraient s'établir à 22,54 milliards d'euros, soit une baisse limitée de 0,8% par rapport à l'an dernier. Dans ce contexte, le patronat et les syndicats qui gèrent l'Unedic vont devoir réfléchir aux moyens de redresser la barre dans un environnement économique dont on n'attend guère d'embellie rapidement. Le régime d'assurance chômage ne se fait d'ailleurs aucune illusion puisqu'avec une hypothèse de croissance de 0,9% pour cette année (inférieure à la projection gouvernementale), il estime que "le nombre de chômeurs potentiellement indemnisables pourrait augmenter encore de 70.000 personnes" d'ici la fin de l'année. Pour répondre aux échéances les plus urgentes, l'Unedic va contracter un emprunt de 2,9 milliards d'euros sur trois mois, remboursable fin janvier 2003. Ce prêt devrait permettre au régime de faire face aux problèmes de trésorerie et à la nécessité d'indemniser de plus en plus de chômeurs, mais également à l'échéance de la deuxième tranche de 1,8 milliard d'euros d'un précédent emprunt contracté en 1993, fixée au 25 novembre 2002. Or, sur ces 1,8 milliard d'euros, l'Unedic ne peut en rembourser actuellement qu'un milliard, grâce aux économies réalisées lorsque le régime était bénéficiaire. Une nouvelle étape de refinancement, dont la forme n'est pas encore définie mais qui pourrait consister en un nouvel emprunt ou un plan d'économies, suivra en février 2003.D'ici là, en décembre, les partenaires sociaux se seront retrouvés pour débattre des mesures de redressement à adopter. Le coût et l'efficacité du PARE (Plan d'aide au retour à l'emploi) devraient être au centre des discussions. Le Medef devrait non seulement réclamer à nouveau au gouvernement un contrôle renforcé de la réalité de la recherche d'emploi mais surtout exiger un retour à la dégressivité des allocations au fil des mois.
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