Net ralentissement de l'activité industrielle française en mai

Pluie d'indices sur l'économie française ce matin. L'Insee publie en effet deux chiffres importants, ceux de l'inflation et de la production industrielle, tandis que les Douanes livrent l'état du commerce extérieur du pays. Une bonne occasion de prendre le pouls d'une économie française dont on sentait certains signes de ralentissement ces derniers temps.Baisse de la production industrielle. Et il semble bien que le ralentissement se confirme. Il est d'ailleurs particulièrement sensible dans l'industrie. En mai, la production industrielle française a reculé de 0,3% sur un mois. Mais, si l'on exclut les secteurs énergétiques et agricoles, la production manufacturière est en chute libre de 0,7% sur un mois, effaçant entièrement la hausse de 0,7% d'avril. On est donc loin des estimations des économistes, puisque le consensus réalisé par Bloomberg prévoyait une hausse de 0,3% de la production industrielle. Sur un an, la production industrielle est en hausse de 0,3%, mais la production manufacturière perd 0,6%.Principale responsable de cet accès de faiblesse, la baisse de la consommation française qui désormais se confirme. Si les ménages français ont en effet soutenu jusqu'ici la croissance dans l'Hexagone, il semble désormais clair que l'on assiste à un brutal réajustement. Ainsi, la production de biens de consommation recule de 1,4% sur un mois, retrouvant son plus bas niveau depuis janvier 2002. Elle est imitée par la production d'automobiles qui, avec un recul de 2%, se retrouve également à son niveau de janvier. C'est donc l'embellie du début de l'année qui est entièrement effacée.Face à cette baisse de la consommation, il semble que ni les investissements des entreprises, ni les exportations ne soient capables de rétablir l'équilibre. La production de biens d'équipement recule ainsi de 0,2% après une hausse de 0,3% en avril. La baisse est générale et touche aussi bien les équipements mécaniques (-0,2%) que les équipements électriques et électroniques (-0,3%). Dans le domaine des biens intermédiaires, la production recule sur un mois de 0,3% en mai, après une hausse de 0,5% en avril. Pour les économistes, comme Marc Touati, de Natexis Banques Populaires, ou Christian Parizot d'Aurel Leven, cette baisse est une "mauvaise nouvelle". Néanmoins, les économistes restent optimistes, considèrent, comme Marc Touati qu'il ne s'agit là que d'un "à-coup" ou, comme Christian Parizot que d'un "accident technique" lié notamment au faible nombre de jours travaillés. Ils s'attendent donc à une reprise et à une accélération de la croissance au second trimestre. Pourtant, l'effet massif et général de la baisse de mai ne manque pas d'inquiéter.Excédent commercial. En fait, la déception de ce chiffre de la production industrielle est fortement liée à la baisse des exportations constatée par les douanes en mai. Selon ces dernières, les exportations françaises ont reculé de 0,73%. L'affaiblissement de la croissance américaine n'a donc pas permis de trouver, de ce côté, un véritable relais de croissance. Mais le rapport sur le commerce extérieur montre un autre signe d'affaiblissement de l'économie française : la baisse des importations de 3,90%. Un chiffre qui montre que les entreprises françaises ont de moins en moins besoin d'importer, signe que leur activité ralentit. En conséquence, l'excédent commercial français en hausse de 62% à 2,14 milliards d'euros n'est pas une bonne nouvelle.En clair, ces deux chiffres montrent un net ralentissement de l'économie française en mai. Un ralentissement qui pourrait se traduire à nouveau par une dégradation de l'emploi à la rentrée. C'est en tout cas une des craintes du gouvernement. Car une hausse du chômage pourrait encore nuire à la consommation et, cette fois, mettre en péril la croissance.Inflation. Le chiffre de l'inflation est-il une meilleure nouvelle ? Certes, les prix français ont baissé, selon l'Insee, de 0,1% en juin en données corrigées des variations saisonnières. Sur un an, la hausse n'est donc plus que de 1,4%. En valeur harmonisée européenne, la hausse est de 1,5%. La hausse de l'euro a sans doute permis cette sagesse des prix en abaissant le coût des importations. Compte tenu des bons chiffres enregistrés hier en Espagne et en Allemagne, la BCE devrait être (momentanément ?) rassurée. Mais ce bon résultat a un mauvais côté. D'abord, l'inflation sous-jacente (hors énergie et produits alimentaires) reste élevée (+2,2% sur un an). Ensuite, la hausse de l'euro va pénaliser les exportations françaises dont on a vu la fragilité actuelle. Enfin, la sagesse des prix traduit également un net affaiblissement de la demande qui est loin d'être rassurant. Difficile donc d'être optimiste aujourd'hui en termes conjoncturels.
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