Le gouvernement tente de relancer le dialogue social

Dans un entretien accordé ce matin au quotidien Le Parisien, le Premier ministre a réaffirmé vouloir baser son action en matière sociale sur le dialogue. Pour Jean-Pierre Raffarin, le "dialogue social vivant" est un "pilier de la République" auquel il dit attacher "beaucoup d'importance". Dès demain, le ministre de la Fonction publique, Jean-Paul Delevoye recevra les syndicats de fonctionnaires. La question la plus épineuse portera sur l'emploi. Le nouveau ministre avait récemment soutenu une approche "qualitative", considérant que "l'efficacité de l'action publique l'emportait sur le nombre de fonctionnaires". Un point de vue qui n'est pas partagé par les centrales syndicales qui demandent que le passage aux 35 heures s'accompagne d'une politique de recrutement. Egalement à l'ordre du jour de la réunion de demain, l'évolution des salaires. CGT et FO ont d'ores et déjà exigé le "retour à la négociation salariale". En 2001, le ministère avait dû, faute d'accord, fixer les salaires des fonctionnaires par décret.Mais, la volonté de remettre en selle le dialogue social s'affirmera surtout vendredi 17 mai à Matignon où, avec François Fillon, le ministre des Affaires sociales, le Premier ministre recevra "l'ensemble des partenaires sociaux". L'objet de cette réunion est de fixer "l'ordre du jour du dialogue social". Il est vrai que le temps presse pour le nouveau gouvernement, contraint de faire ses preuves avant les élections législatives des 9 et 16 juin prochains. L'ambition du Premier ministre est donc avant tout de se démarquer au plus vite, dans la méthode, de son prédécesseur. "J'entends engager rapidement d'autres méthodes de dialogue social pour qu'on ait une confiance qui s'installe avec les acteurs économiques et sociaux", a-t-il ainsi précisé. Une volonté de relancer le dialogue confirmée par le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, qui a annoncé lundi matin que "c'en est terminé avec la méthode verticale où tout venait d'en haut avec des obligations, des contraintes et des sanctions". L'ancien député-maire de Meaux a d'ailleurs précisé le champ d'action de la nouvelle méthode en affirmant que "plus aucun texte touchant à l'entreprise, au droit du travail, au droit social ne sera soumis à l'approbation du parlement sans avoir fait l'objet d'une concertation approfondie". Avant le premier tour des élections présidentielles, les principaux syndicats s'étaient plaints de l'absence de dialogue social sous le gouvernement Jospin (lire ci-contre).Jean-Pierre Raffarin a également précisé les dossiers au menu de cette première réunion avec les partenaires sociaux : les 35 heures et les retraites. Concernant la réforme de la loi Aubry, le Premier ministre s'est refusé à parler "d'assouplissement", mais il a affirmé que le dossier serait "sur la table" dès vendredi prochain. Sur les retraites, l'ancien président du conseil régional Poitou-Charentes a indiqué que "la politique de l'autruche n'avait que trop duré". "C'est pour nous le dossier de l'avenir et du courage", a-t-il poursuivi. Enfin, après un nouveau "viaduc sans toubib", Jean-Pierre Raffarin a souhaité l'ouverture d'une concertation avec les médecins pour examiner leurs revendications. La semaine dernière, le ministre de la Santé, Jean-François Mattei, avait indiqué que la revendication d'une consultation à 20 euros était "légitime".Du côté du pari socialiste, on reste très sceptique. Le porte-parole du PS Vincent Peillon a ironisé sur une "gouvernement de dialogue" au sein duquel la "concertation n'a manifestement pas lieu". Il faisait ainsi allusion aux déclarations du ministre des Transports Gilles de Robien sur l'amnistie présidentielle et sur le troisième aéroport parisien qui avaient été désavouées par le Premier ministre. Par ailleurs, Vincent Peillon considère que la nomination à Bercy de Francis Mer, "un dirigeant du Medef", n'est pas un "signe très encourageant" pour le dialogue social.
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