Bush défie l'histoire en confortant son pouvoir

Décidément, l'Amérique a changé depuis le 11 septembre 2001. Alors qu'historiquement, le parti au pouvoir à la Maison Blanche fait généralement un mauvais score aux élections législatives de mi-mandat - les électeurs préférant une cohabitation, qu'ils jugent plus équilibrée qu'une domination sans partage de l'un des deux grands partis - les Républicains ont, cette fois, non seulement maintenu leur majorité à la Chambre des représentants mais ont, en plus, conquis la majorité au Sénat. Le siège décisif faisant basculer la maîtrise de la chambre haute dans le camp du président a été remporté par le candidat républicain Jim Talent dans le Missouri, où il a battu la démocrate Jean Carnahan. Celle-ci a concédé la défaite vers 8 heures, heure de Paris ce matin, lors d'une conférence de presse. Les résultats d'Etats très serrés comme le Minnesota et le Dakota du Sud ne sont pas encore connus, mais le parti démocrate pourrait perdre un voire deux sièges supplémentaires de sénateur.De même, alors que l'adage veut que les élections législatives focalisent généralement l'attention des citoyens sur des sujets locaux, au premier rang desquels se trouve l'économie, cela n'a pas été le cas. Car si cela l'avait été, les Démocrates, compte tenu de la récession qui menace, auraient clairement fait un meilleur score. "Mais c'est précisément parce que les électeurs s'intéressent à l'économie que les démocrates ne sombreront pas complètement", prédisait toutefois quelques jours avant le scrutin le professeur de science politique Robert Shapiro, à l'université Columbia...Les Démocrates ont quand même eu du mal à sauver les meubles. Eux qui espéraient garder le contrôle du Sénat, regagner la Chambre et ravir plusieurs sièges de gouverneurs d'Etats aux Républicains ne peuvent être que déçus. Même si certains Etats sont passés aux mains de gouverneurs démocrates, comme celui de l'Arkansas, d'autres, comme la Géorgie, qui n'avait jamais été conquis par les Républicains depuis le siècle dernier, sont passé dans le camp conservateur. Jeb Bush, frère du président, a quant à lui été réélu en Floride. En fait, le nombre de gouverneurs républicains et démocrates semble s'équilibrer. Ce qui enlève un autre espoir aux Démocrates, celui de mener, tant les gouverneurs sont puissants, la danse dans la future campagne présidentielle. Mais la route de 2004 est encore longue...Avant cela cependant, les Républicains auront eu tout le loisir de consolider leur pouvoir à Washington. De même, ils vont pousser "l'agenda" républicain, et commencer par se battre pour donner, en cette période très médiatique de menace irakienne, plus d'argent à la défense. Autre priorité: rendre permanents les cadeaux fiscaux consentis l'an dernier aux contribuables pour dix ans seulement. Ils pourront sans doute aussi nommer avec plus de facilité, même si le fonctionnement même du Congrès permet de nombreuses stratégies de blocage, des candidats de leur choix à des postes-clés au Congrès et dans l'Administration.Il leur faudra sans doute commencer par se pencher sur la Securities & Exchange Commission, désormais privée de patron. En effet, le président de l'autorité qui sert de gendarme à la Bourse a annoncé officiellement sa démission, hier soir, à 9h05, heure de New York, autrement dit, juste à la clôture des bureaux de vote sur la côte Est. En espérant peut-être, après une tempête de critiques, passer inaperçu...
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