Bush part en guerre contre la fraude financière

C'est mardi que George W. Bush passe à l'offensive face à la vague de scandales qui secoue le monde des affaires américain. Intervenant mardi après-midi à New York, le président des Etats-Unis va annoncer un plan de lutte contre les fraudes. Une initiative qui intervient dans un contexte d'autant plus délicat qu'il est lui même questionné sur son passé d'homme d'affaires."Nous allons vigoureusement poursuivre en justice les personnes qui transgresseront la loi", a-t-il d'ores et déjà annoncé au cours d'une conférence de presse préliminaire tenue lundi soir. C'est donc la prison qui pourrait être à la clef pour les PDG fraudeurs. Une éventualité renforcée par les déclarations du secrétaire au Trésor américain, Paul O'Neill, à la chaine de télévision NBC : George W. Bush "va amener devant la justice ceux qui ont abusé de leur autorité et leur donner d'importantes peines de prison", a-t-il assuré. Ainsi est-il prévu de doubler la peine maximale de prison pour les patrons condamnés pour fraude.Mais l'administration Bush n'entend pas en rester là. Pour battre le rappel des investisseurs et rassurer l'opinion publique, George W. Bush envisage de réformer radicalement le système de régulation américain. Au programme de l'intervention de cet après-midi : "des mesures strictes pour punir les abus" et le "renforcement des moyens budgétaires et en personnel de la Commission des opérations boursières (SEC)". Au cours de la conférence, il a annoncé qu'il y consacrerait une enveloppe de 100 millions de dollars. D'autre part, il a assuré qu'une commision spéciale de lutte contre la fraude dans les entreprises allait être créée.A quatre mois des élections du Congrès, la Commission de l'énergie et du commerce de la Chambre des Représentants a elle aussi décidé d'intervenir pour restaurer la confiance des marchés. Lundi soir, elle a demandé à 13 entreprises américaines en difficulté de lui remettre d'ici au 17 juillet les documents liés à leur gestion. Elle a par ailleurs souhaité voir les documents de la SEC, le gendarme boursier américain, concernant la supervision de ces entreprises.La demande vise les groupes de télécoms WorldCom, Global Crossing et Qwest Communications International, le courtier en énergie Enron, le fabricant de photocopieuses Xerox, le conglomérat Tyco International, le distributeur Kmart, le conglomérat Sunbeam, la société de transport de déchets Waste Management, le distributeur Rite Aid, les éditeurs de logiciels Peregrine Systems et MicroStrategy, ainsi que l'opérateur de télévision par câble Adelpia Communication.Dans ce climat de défiance généralisée, la position personnelle du président américain devient difficile. En effet, il lui faut maintenant s'expliquer sur une affaire vieille de douze ans. En 1990, il avait mis huit mois à informer la SEC d'une vente de ses actions dans la firme pétrolière Harken Energy, dont il était administrateur. La vente de ces titres, pour plus de 800.000 dollars, était intervenue huit jours avant la clôture des comptes du trimestre. Deux mois plus tard, la société annonçait 23 millions de dollars de pertes pour ce même trimestre. L'action avait alors chuté de moitié. Pressé d'expliquer la raison de ce retard, George Bush a répondu : "je ne sais toujours pas complètement pourquoi", et il a aussitôt rappelé avoir été blanchi par la SEC qui avait conclu qu'il ne s'agissait pas d'un délit d'initié. Le patron du parti démocrate, Terry McAuliffe, a aussitôt accusé le président américain de dissimuler la vérité sur son rôle dans cette affaire et l'a invité à rendre publics les documents de la SEC concernant cette transaction. George W. Bush estime pour sa part qu'il s'agit simplement d'un "affaire recyclée" par l'opposition démocrate.
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