La France rejette toujours toute réforme de la PAC

Alors que les ministres de l'Agriculture européens débattent cet après-midi du projet de réforme de la Politique agricole commune (PAC), le gouvernement français reste ancré sur ses positions. Pour la France, il n'est pas question d'entrer dans une réforme anticipée de la PAC. Le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard a ainsi directement attaqué la Commission. Selon lui, Bruxelles a "mélangé les dossiers et les échéances". Il a rappelé que, pour lui, toute réforme devait intervenir "au 1er janvier 2006". Pas question donc de négocier sur le plan Fischler. Hervé Gaymard a par ailleurs précisé que la France défendait, avec la PAC "ancienne formule", une "certaine vision de la civilisation". Selon lui, la Commission est trop centrée sur le problème budgétaire. Or, pour Hervé Gaymard, la position française "n'est pas liée au retour budgétaire", mais "à notre histoire, à notre paysage, à notre manière d'être". "Je me refuse à avoir une politique agricole guidée par la calculette", a-t-il conclu.La position française semble donc très ferme. Elle a été réitérée par le chef de l'Etat lui-même lors de sa rencontre à l'Elysée avec le chef du gouvernement danois, Anders Fogh Rasmussen, dont le pays assure actuellement la présidence de l'Union. "La France est disposée à engager une réflexion sur la réforme et l'avenir de la PAC", a concédé Jacques Chirac, "mais pour l'heure les propositions actuelles ne sont pas conformes à l'accord de Berlin", a tranché le chef de l'Etat. En mars 1999, à Berlin, le Conseil européen avait décidé de reconduire le système de la PAC jusqu'en 2006. Un accord "qui doit être respecté", pour Jacques Chirac. De son côté, le Premier ministre danois a assuré que la question de l'élargissement et celle de la PAC n'étaient pas liées et il s'est dit persuadé que l'accueil de 10 nouveaux pays au sein de l'UE pourra se faire dès 2004 "dans le cadre budgétaire actuel". La position danoise semble bien optimiste quand on observe les difficultés sur lesquelles buttent les négociations avec les nouveaux pays. La Pologne ou les pays baltes refusent ainsi de ne pas bénéficier des mêmes avantages que les pays actuellement membres de l'UE en termes agricoles. Sur ce sujet, les discussions sont au point mort et les éclats de voix sont fréquents entre négociateurs. D'où la nécessité de réformer la PAC avant l'élargissement. L'Allemagne, en effet, premier contributeur au budget de l'Union, refuse d'accroître cette contribution. De fait, les Allemands sont très impliqués dans le soutien au plan Fischler. Ce matin, le commissaire autrichien a tenu à rassurer les agriculteurs de l'ex-RDA dont les exploitations, traditionnellement plus grandes que celles de l'Ouest, risquent d'être plus touchées par la réforme de la PAC. Selon Franz Fischler, l'argent qui n'ira pas aux exploitations en provenance de la PAC restera en Allemagne et permettra donc à l'Etat allemand de soutenir ses agriculteurs de l'Est. La position allemande est soutenue par la Suède, les Pays-Bas et le Royaume-Uni et par la plupart des candidats à l'Union. La France, elle, peut compter sur le soutien de l'Italie, de l'Espagne et de l'Autriche. Comme la décision d'accepter le projet Fischler peut être prise à la majorité relative, la lutte risque d'être très serrée entre les deux camps.
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