L'Argentine ne rembourse pas la Banque mondiale

L'Argentine a refusé, jeudi, d'honorer le remboursement de 805 millions de dollars qui étaient dus à la Banque mondiale. Le pays, en pleines négociations avec le FMI pour jeter les bases d'un nouvel accord de financement, a simplement payé les 77 millions de dollars d'intérêts correspondant à cette échéance. Un geste destiné à "prouver sa bonne volonté et (son désir de) continuer de négocier un accord avec le FMI", a-t-on précisé de source gouvernementale argentine. Cette décision, qui revient techniquement à placer l'Argentine en défaut de paiement sur une partie de sa dette, intervient alors que le ministre de l'Economie Roberto Lavagna est à Washington pour des négociations de la dernière chance avec le FMI. Les discussions menées avec Anne Krueger, la numéro 2 du Fonds monétaire international, visent à rétablir le flux d'aides octroyées par ce dernier, interrompu depuis décembre 2001. Le ministre argentin tente d'obtenir un rééchelonnement de toutes les échéances de son pays envers les organisme financiers multilatéraux, qui dépassent les 14 milliards de dollars d'ici la fin 2003. Très complexes, les négociations durent depuis plusieurs mois et portent sur tous les aspects de la politique économique et budgétaire du pays. Au point que des sources internes au FMI affirmaient hier à l'agence Reuters que la possibilité d'un accord rapide était illusoire. En effet, affirmaient ces observateurs, les exigences du FMI en matière de politique monétaire et de politique budgétaire seraient très difficiles à mettre en oeuvre pour le gouvernement argentin, étant donné le manque de consensus politique dans le pays. Autrement dit, même si Buenos Aires acceptait le principe d'augmentations des impôts et des tarifs publics pour assainir sa situation financière, il n'est pas sûr que l'équipe au pouvoir serait en état de faire appliquer ses décisions. Et cela d'autant plus que la perspective d'élections présidentielles en mars prochain vient accroître encore l'incertitude politique.Pour l'Argentine, refuser ainsi d'honorer une partie de ses engagements comporte de sérieux risques. Le pays a fait défaut en janvier dernier auprès de ses créanciers privés, si bien que les institutions publiques comme le FMI, la Banque mondiale et la Banque inter-américaine de développement demeurent ses seules sources de financement.Si le deuxième pays d'Amérique du sud se trouve en défaut également sur les prêts consentis par ces organisations internationales, il entrera dans une catégorie de pays peu enviable qui inclut entre autres l'Irak et le Zimbabwe. Et les prêts "sociaux" qui lui sont actuellement consentis pourraient être supprimés, alors même que la population argentine traverse un crise d'une exceptionelle sévérité.Dès lors, les conséquences de cette décision pourraient être sévères. Interrogé par Reuters, Fernando Losada, économiste spécialiste de l'Amérique latine chez ABN-Amro, estime ainsi que "la stabilité observée (dans l'économie argentine) ces dernières semaines pourrait être remise en cause". Mais le pays est tombé si bas, relativise Carl Ross, chez Bear Stearns, qu'il n'a peut-être pas grand chose à perdre: "leur crédibilité est déjà tellement faible, leur économie tellement en difficulté" que cette décision "n'aura peut-être pas un gros impact sur l'économie réelle", estime-t-il.
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