La Tribune - En mars, les autorités américaines ont refusé à Imclone la mise sur le marché de son anticancéreux Erbitux. Y a-t-il un impact sur la biotechnologie ?Anne-Sophie Borgeaud - Ce rejet n'a pas contribué à redorer le blason d'une industrie déjà en perte de vitesse en 2001. Notamment parce qu'il est intervenu dans des circonstances qui mettaient en cause la capacité du management d'assembler un dossier d'approbation solide. Ce qui a créé un effet de contamination auprès des groupes au même stade de développement. Mais cela a également mis en avant un travers possible du secteur : certaines sociétés sont tentées d'abuser des effets d'annonce pour doper leur cours.Le retard des Européens sur les Américains est-il important ?Aux Etats-Unis, Amgen, Genentech, Medimmune, Idec ou Gilead sont des sociétés de biotechnologie de la première heure qui sont bénéficiaires ou en passe de le devenir. Il n'y a encore en Europe que très peu d'exemples d'entreprises du secteur qui tendent vers une structure de type pharmaceutique grâce à une maîtrise verticale de leur processus de développement (jusqu'à la commercialisation). Le fossé devrait perdurer car la mutation prend du temps.La pression des laboratoires ne fait-elle pas courir un risque financier aux biotechnologies ?Les "pipelines" des grandes sociétés pharmaceutiques s'épuisant, la biotechnologie devient le réservoir de produits privilégié. La pression a donc tendance à s'inverser. Notons toutefois que le développement de projets en commun peut être parfois ralenti parce que le "grand frère" partenaire concentre ses forces sur les produits déjà commercialisés, générateurs de bénéfices.Le secteur offre-t-il des opportunités en Bourse ?Aujourd'hui, nous achetons essentiellement des valeurs disposant d'au moins deux ans de liquidités en banque et qui poursuivent le développement de produits réellement novateurs aux côtés de solides partenaires pharmaceutiques. La correction boursière entamée en 2000 s'est singulièrement accélérée en ce début d'année, créant des opportunités d'achat pour qui veut se positionner à long terme sur un secteur de pointe et pour qui ne craint pas la volatilité à court terme.

latribune.fr

20 Oct 2008, 6:09

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