Moral en hausse pour les chefs d'entreprise

Ce n'est pas encore l'euphorie, mais c'est quand même un vrai progrès: alors même que le chômage enregistre une nouvelle dégradation (lire ci-contre), le moral des chefs d'entreprises s'est amélioré au mois de décembre. Selon l'enquête de conjoncture publiée vendredi matin par l'Insee, l'indicateur synthétique qui évalue le climat des affaires en France s'affiche en effet à 99 points pour le mois qui s'achève, contre 96 points en novembre. A 99 points, cet indicateur synthétique du moral des industriels repasse au-dessus de son niveau de juillet 2002. C'est le deuxième mois consécutif que l'indicateur se redresse, après une baisse continue depuis mai dernier. En novembre, l'indicateur avait déjà regagné trois points.Commentant ces chiffres, l'Insee relève que "les réponses des chefs d'entreprise à l'enquête de décembre confirment l'amélioration de la conjoncture industrielle". En effet, "l'opinion des entrepreneurs sur la tendance passée de la production poursuit son redressement". Elément encourageant, poursuit l'Insee: "les perspectives personnelles de production s'améliorent un peu pour la seconde enquête consécutive : le solde d'opinion correspondant se rapproche de sa moyenne de longue période". De fait, le solde des opinions passe de 2 points en novembre à 5 points en décembre, après -3 points en octobre. Légère amélioration, également, en ce qui concerne les carnets de commandes globaux et étrangers: leurs soldes respectifs passent de -22 points et -16 points en novembre à -19 points et -12 points en décembre. Tout ceci amène les chefs d'entreprise à porter un jugement globalement plus positif sur les perspectives générales de production, pour lesquelles le solde des opinions passe de -33 en novembre à -24 en décembre, un niveau supérieur à celui de septembre. Secteur par secteur, celui des biens intermédiaires se veut raisonnablement optimiste, avec une légère amélioration de l'activité ces trois derniers mois et des carnets de commande un peu mieux garnis. Dans le domaine des biens d'équipement, l'activité a cessé de se dégrader, mais le solde d'opinion "demeure très inférieur à son niveau normal".Dans l'automobile, les industriels se félicitent d'un allègement des stocks, mais s'attendent néanmoins à une décélération de l'activité au cours des trois mois à venir. Enfin, les chefs d'entreprise du secteur des biens de consommation s'attendent à une amélioration de l'activité dans les prochains mois.Cette progression inattendue de l'indicateur suscite des commentaires contrastés des économistes. Interrogé par l'AFP, Marc Touati, chez Natexis Banques Populaires, estime que "les chefs d'entreprise dans l'industrie ont choisi de faire fi de la sinistrose et de terminer l'année dans l'optimisme". Même si "la route pour retrouver une croissance forte reste longue", ajoute-t-il, "la France continue de faire exception à la règle de l'apathie industrielle internationale". Un optimisme soutenu par la nécessité de reconstituer des stocks entamés par la bonne tenue persistante de la consommation. Marc Touati estime donc que "l'industrie française est bien partie pour connaître une année 2003 de correction de la faiblesse des deux années précédentes".Svenja Nehls-Obegi, chez CDC Ixis, est beaucoup plus prudente. Selon elle, il convient de ne pas attacher trop d'importance à ce rebond surprenant "qui n'est pas pour le moment confirmé par des données économiques réelles. Notre analyse, c'est que nous sommes plutôt dans une période de stabilisation, avec des indicateurs de confiance hésitants, plutôt qu'en train d'assister à une reprise".
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