Menace électronique sur le Nasdaq

Instinet, filiale de Reuters à 83%, a donc décidé de s'offrir son plus tenace rival, Island, pour 508 millions de dollars. Les arguments avancés sont classiques pour ce genre d'opérations : économies d'échelle, élimination d'un concurrent, plus grande part de marché. Dans ce cas précis, c'est ce dernier argument qui retient le plus l'attention : une fois l'opération bouclée, Instinet contrôlera à lui seul environ le quart des volumes quotidiens de transactions sur le Nasdaq.En d'autres termes, la menace se précise pour les grandes institutions boursières. Les traders ont de plus en plus volontiers recours aux plates-formes électroniques grâce auxquelles ils font l'économie d'un passage par le Nasdaq ou le NYSE - et évitent ainsi d'acquitter les commissions imposées par ces marchés. Dans le cas du Nasdaq, ces commissions représentent la moitié du chiffre d'affaires.C'est dire si l'émergence d'une Bourse électronique aussi puissante est prise au sérieux. La riposte du Nasdaq est prête, et elle sera présentée le mois prochain. "SuperMontage" - c'est son nom - ira directement chasser sur les terres des Bourses électroniques pour reconquérir les transactions perdues. L'objectif : proposer des prestations et des coûts comparables à ceux des ECN ("electronic communications networks"), de sorte que l'intérêt de faire appel à un intermédiaire plutôt que traiter sur le marché lui-même disparaisse. La stratégie retenue par le New York Stock Exchange est identique : automatiser de plus en plus les transactions, de sorte que les opérations de gré à gré effectuées à la célèbre corbeille de Wall Street ne concernent plus que les ordres les plus importants.L'issue de la bataille, nous disent les experts, est incertaine. Les Bourses électroniques sont desservies par l'effondrement du marché qui amène avec lui une chute sensible des volumes et une désertion des particuliers - or ces derniers ont été déterminants dans le succès des ECN en général et d'Island en particulier. Mais les marchés officiels sont confrontés à des coûts structurels qui seront difficiles à contenir dans les années qui viennent : il leur faut notamment investir massivement dans la sécurité, durcir leurs exigences et leurs contrôles réglementaires pour restaurer la confiance des investisseurs. Dans ce contexte, aligner leurs tarifs sur ceux des ECNs ne sera pas aisé.
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