Ballon d'oxygène pour l'Uruguay

Les scènes de pillage dans les faubourgs de Montevideo vendredi dernier semblent avoir réveillé la conscience des grands bailleurs de fonds internationaux. Il est vrai que le scénario ressemblait étrangement à celui connu par l'Argentine au mois de décembre dernier. Le risque était donc de voir l'ensemble de la région basculer dans l'instabilité économique et donc politique. Un risque que les Etats-Unis ne pouvaient sans doute pas se permettre.Cette nuit, le secrétaire d'Etat au Trésor américain Paul O'Neill, en partance pour un voyage en Amérique latine, a donc annoncé que les Etats-Unis avançaient un prêt de 1,5 milliard de dollars à l'Uruguay. Ce prêt est une avance sur l'aide globale de 3,8 milliards de dollars accordée ce week-end par le FMI, la banque interaméricaine et développement (BID) et la Banque mondiale. Cette assistance financière tombe à pic, alors que les banques, fermées depuis mardi dernier, vont rouvrir aujourd'hui et que les avoirs en devises de la Banque centrale uruguayenne (BCU) ont fondu comme neige au soleil depuis la décision de laisser flotter le peso. Selon les trois institutions financières prêteuses, cette aide devrait éviter la banqueroute de l'Etat uruguayen en permettant de "garantir à 100% les comptes à vue". Une façon également de calmer les esprits dans le pays. De nombreux Uruguayens travaillent en effet "au noir" et la circulation de l'argent liquide a une importance cruciale pour eux. En début de matinée (heure locale), les banques ont rouvert dans le calme dans tout le pays. L'annonce de l'aide américaine a sans doute évité la ruée à laquelle on avait assistée en Argentine. Trois banques privées proches de la cessation de paiement sont cependant restées fermées.Evidemment, ce déblocage rapide de l'assistance internationale n'est pas gratuite : l'Etat uruguayen doit évidemment s'engager dans une réforme de son système financier. Hier soir, le Congrès de Montevideo a ainsi voté une loi bancaire prévoyant un Fonds de stabilité du système bancaire s'élevant à 1,1 milliard de dollars. Quatre cents millions de dollars sont par ailleurs destinés à renflouer les caisses des trois banques nationales privées proches de la faillite. Enfin, pour limiter la fuite des capitaux, la nouvelle loi prévoit un échelonnement sur trois ans des retraits des capitaux en devises déposés dans les deux banques publiques uruguayennes. Ce plan d'urgence et la promptitude de l'aide américaine montrent la volonté de Washington de revenir en force dans la région. Fidèle à la bonne vieille "doctrine Monroe", Paul O'Neill a ainsi précisé qu'il était de "l'intérêt des Etats-Unis que l'Uruguay demeure une place financière forte". Concrètement, l'engagement de Washington vise surtout à éviter une remise en cause de l'orientation libérale de la région. Des signes de cette remise en cause sont d'ores et déjà clairement visibles. La semaine dernière, le président argentin parlait de "faillite du système néolibéral", tandis que Lula, le candidat du très gauchisant parti des Travailleurs caracole en tête des sondages avant l'élection présidentielle au Brésil d'octobre prochain. Durant son voyage, Paul O'Neill devrait donc confirmer le soutien des Etats-Unis à de nouvelles aides du FMI à l'Argentine, au Brésil et à l'Equateur. Arrivé en début d'après-midi à Brasilia, il a assuré le président brésilien du "fort soutien" des Etats-Unis au gouvernement brésilien et il a appelé le pays a maintenir "une politique économique adéquate pour que l'économie continue à croître". Il n'est pourtant pas sûr que ce soutien stopper la crise financière latino-américaine et pour faire tomber le mécontentement populaire.
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