EDS confirme la crise des services informatiques

La crise ne se contente pas de durer : elle s'aggrave. C'est en substance le message qu'a voulu faire passer EDS en annonçant que ses résultats financiers pour les troisième et quatrième trimestres seront inférieurs aux prévisions. "La sévérité inattendue du ralentissement mondial des dépenses des entreprises, notamment ces deux derniers mois, a largement dépassé nos prévisions", explique son PDG Dick Brown. Et la sinistrose ambiante se maintiendra sans doute au delà de la fin de l'année. Le groupe texan, deuxième acteur mondial du marché des services informatiques derrière IBM, souffre certes de facteurs exceptionnels qui lui sont propres, à commencer par le dépôt de bilan d'US Airways, l'un de ses principaux clients. Mais le ralentissement général des investissements informatiques des entreprises constaté par Dick Brown a de quoi inquiéter l'ensemble du secteur. Car l'externalisation informatique (outsourcing), spécialité d'EDS, était considérée jusqu'à présent comme l'une des activités les plus résistantes au ralentissement. Pour EDS, le chiffre d'affaires du troisième trimestre devrait afficher un recul de 2 à 5% sur un an, entre 5,3 et 5,5 milliards de dollars, alors que le groupe tablait sur une progression de 4 à 6%. Quant au bénéfice par action trimestriel, il devrait se situer entre 12 et 15 cents au lieu des 74 cents anticipés !Le quatrième trimestre devrait confirmer cette très mauvaise surprise : le groupe table désomais sur des ventes de 5,5 à 5,7 milliards de dollars, en baisse de 3 à 7% sur la même période de l'an dernier, et sur un résultat par action de 57 à 59 cents, alors que le consensus First Call s'établissait jusqu'à présent à 88 cents. Le manque à gagner en termes de chiffre d'affaires provient pour l'essentiel des difficultés d'EDS à gagner de nouveaux contrats et à augmenter les revenus des contrats existants. Ce poste devrait afficher un recul de 9 à 10% au troisième trimestre. Soit 4 à 500 millions de dollars de chiffre d'affaires en moins sur le troisième comme sur le quatrième trimestre. Une contre-performance qui a un effet sensible sur la rentabilité, certains contrats à marge nulle générant des coûts supplémentaires. La faillite d'US Airways, elle, génère une charge exceptionnelle de 69 millions de dollars.Ces mauvaises perspectives financières occultent la bonne nouvelle que s'apprête à annoncer le groupe : il a remporté un contrat décennal d'externalisation des services informatiques de Procter & Gamble. Un marché de 8 milliards de dollars qui ne suffira certainement pas à rassurer les analystes financiers sur les perspectives globales du marché. Deutsche Bank, Lehman Brothers et JP Morgan ont déjà revu à la baisse leurs prévisions financières et leur opinion sur le groupe, ramenée, selon les banques, à "neutre" voire à "vendre". Karl Keirstead, de Lehman Brothers, souligne notamment que "la société ne réduit pas assez rapidement ses coûts". A la mi-séance à Wall Street, l'action EDS chutait de 44,2% à 20,35 dollars. Et le pessimisme des investisseurs gagne la plupart des valeurs du secteur, à commencer par IBM. Le numéro un mondial de l'informatique, qui tire 40% de ses revenus et près de la moitié de ses bénéfices des services, perdait 5,9% en milieu de journée à New York, à 65,43 dollars, subissant le contre-coup de la révision à la baisse des estimations de Morgan Stanley et Merrill Lynch sur ses résultats. Pour Steven Milunovich, de Merrill Lynch, "IBM est en meilleure forme qu'EDS", le chiffre d'affaires du groupe pour le troisième trimestre ne devrait pas dépasser 19,7 milliards de dollars, au lieu des 21,1 milliards attendus jusqu'à présent, dont 8,7 milliards issus des services.Parmi les SSII et éditeurs de logiciels européens, SAP perdait 5,79% à Francfort en fin de journée, à 53,50 euros. A la clôture à Paris, Cap Gemini chutait de 8,23% à 21,20 euros, Atos Origin de 11,4% à 27,20 euros, Alten de 18,49% à 4,10 euros, Altran de 17,26% à 8,20 euros. A Londres, CMG cède 6,73% à 48,5 pence. La contagion au Vieux continent est d'autant plus marquée qu'EDS, dans son communiqué, mentionne spécifiquement l'Europe comme le marché le plus difficile.
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