Les débitants de tabac boycottent Moneo

Le porte-monnaie électronique Moneo n'en finit pas de susciter des critiques. Après les boulangers le mois dernier, c'est au tour des débitants de tabac de crier leur colère. La Confédération des débitants de tabac de France a annoncé qu'elle recommandait à ses adhérents de ne pas adopter Moneo, alors qu'il doit être lancé en Ile-de-France le 6 novembre. La raison : son coût. La confédération n'est pas parvenue à s'entendre avec BMS (Billeterie Monétiques Services), la société qui fabrique le porte-monnaie électronique, sur le coût du service.La Confédération, à laquelle adhèrent 95% des 34.000 buralistes, pointe du doigt les commissions prélevées sur les transactions réalisées avec Moneo. Avec un taux qui va de 0,3 à 0,9%, ce nouveau mode de transaction, censé simplifier le paiement des petits achats, rogne les marges des buralistes "de 20 à 25%", a indiqué Michel Arnaud, le représentant des bureaux de tabac, à l'AFP. "La situation est d'autant plus paradoxale que Moneo doit, en principe, se substituer à la petite monnaie dont l'utilisation n'implique pas de coût supplémentaire pour le commerçant", ajoute le groupement dans un communiqué, qui critique également le coût d'installation du sytème qui revient, matériel compris, à 150 euros. Pour l'instant, entre 2.000 et 3.000 buralistes proposent Moneo (entre 5,9 et 8,8% du total de la profession).Cet appel au boycott n'est pas le premier contre Moneo. La Confédération des boulangers-pâtissiers (33.000 artisans) avait fait de même à la mi-octobre. La critique visait autant le traitement du consommateur, qui doit, pour utiliser ce service, s'acquitter d'un montant annuel de 7 à 12 euros, que celui du commerçant. Les commissions prélevées sur les transactions Moneo réalisée chez les boulangers-pâtissiers s'échelonnent entre 0,7 et 0,9%. "De nombreux boulangers ont pris Moneo dans les régions en test, mais nous n'avons reçu que des témoignages négatifs", soulignait alors la confédération. "Ceux qui l'avaient pris ont arrêté ou continuent pour rendre service mais protestent". Autre plaignant: l'UFC-Que Choisir. L'association de consommateurs a déclenché une véritable croisade contre Moneo en incitant les consommateurs à écrire à leur banque pour demander de désactiver cette fonction, souvent installée d'office.Moneo a été lancé en test en 1999 dans le Finistère et à Tours. Il s'est depuis étendu au deux tiers du sol français. Son déploiement doit être achevé en 2003. Ses détracteurs soulignent le fait qu'en dépit de sa grande médiatisation, son utilisation reste toujours très marginale. Le démarrage de ce nouveau moyen de paiement s'avère donc laborieux. Dix des principaux établissements financiers sont à l'origine de Moneo, dont la Société Générale, BNP Paribas, Crédit Lyonnais... En prélevant des commissions sur les petits montants, les banques accèdent ainsi à cette partie des transactions qui échappait jusqu'à présent au paiement par carte bancaire.
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