Voilà qui devrait mettre un peu de beurre dans les épinards. L'opérateur américain Sprint a enfin conclu la vente de sa branche annuaires. C'est R.H. Donnelley, spécialisé dans le marketing d'espaces publicitaires, qui reprendra Sprint Publishing & Advertising pour 2,23 milliards de dollars, payables en cash. Après impôts, Sprint touchera un peu plus de 2 milliards de dollars. La transaction, si elle est approuvée par les autorités de la concurrence, devrait être conclue au premier trimestre 2003. Sprint Publishing & Advertising, sixième éditeur d'annuaires américain, réalise un chiffre d'affaires annuel de 560 millions de dollars, surtout grâce à la publicité vendue dans ses pages jaunes. Le prix de vente de la division devrait représenter environ 8,6 fois son bénéfice prévisionnel de l'exercice 2002.Le produit de la vente servivra au désendettement de l'opérateur, qui supporte une dette à long terme de 20 milliards de dollars. "La vente va rapporter plus de 2 milliards de dollars après impôts, ce qui va améliorer la flexibilité financière du groupe et renforcer encore sa trésorerie et sa comptabilité", a précisé Sprint dans un communiqué.La vente va du coup permettre de faire taire les rumeurs concernant l'état financier de l'opérateur. Fin juillet, des spéculations sur une éventuelle crise de liquidités avaient fait plonger Sprint FON (téléphonie fixe) et Sprint PCS (téléphonie mobile) de 27% et 22% sur les marchés américains. Le groupe avertissait alors qu'il disposait d'une trésorerie de 1,85 milliard de dollars et qu'il avait en plus une ligne de crédit de 2 milliards de dollars. Mais surtout, Sprint précisait qu'il était en pourparlers avancés dans la vente de ses activités annuaires. C'est le troisième opérateur à céder ce type d'activité en cinq semaines pour se désendetter. Avant lui, Qwest a vendu ses pages jaunes à un consortium comprenant notamment Carlyle Group pour 7,5 milliards de dollars. BCE Inc. (Bell Canada Enterprises) a cédé les mêmes actifs à Kolhberg Kravis Roberts & Co et à la branche du régime retraite des enseignants de l'Ontario pour 1,91 milliard de dollars, payés en numéraire. Une bonne nouvelle ne venant jamais seule, Sprint a par ailleurs annoncé que sa division FON Group de téléphonie longue distance (distincte de PCS, la branche mobile) afficherait cette année un bénéfice supérieur aux prévisions initiales. Le résultat net par action de Sprint FON devrait atteindre 1,41 à 1,43 dollar, contre une estimation antérieure de 1,40 dollar et 1,26 dollar l'an dernier. Et ce pour un Ebitda qui devrait, comme prévu, atteindre 4,7 milliards de dollars, sur fond de recul des ventes "à un chiffre". Si la réduction des investissements - à 2,4 milliards de dollars, contre 2,5 milliards budgétés - contribue à l'amélioration de la rentabilité, Sprint reconnait aussi que les difficultés de "grands concurrents", à commencer par la faillite de WorldCom pour ne pas le nommer, ont permis à sa division Global Markets d'augmenter ses ventes. "Sprint Business a gagné plus de 50 comptes d'entreprise et d'achats de gros issus de ces 'opérateurs en détresse' au cours de ce trimestre", précise-t-il dans un communiqué, auxquels s'ajoutent de grands contrats publics d'hébergement, de transmission et de services.Concernant Sprint PCS, le groupe table, malgré une croissance de sa base de clientèle plus forte que prévu au troisième trimestre, sur un Ebitda annuel de 2,7 milliards de dollars environ, au lieu des 2,9 milliards prévus.il nticipe un effet une hausse de son taux de désabonnement (churn rate). Mais ce manque à gagner sera "entièrement compensé" par la baisse des investissements, qui ne devraient pas dépasser 3,1 milliards au lieu de 3,3, assure-t-il. En milieu de séance à Wall Street, Sprint FON gagnait 3,9% à 9,37 dollars, tandis que Sprint PCS chutait de 15% à 2,33 dollars, les investisseurs manifestant leur déception sur la dégradation de la rentabilité opérationnelle.

latribune.fr

20 Oct 2008, 3:21

Partager :