Le géant allemand du BTP Philipp Holzmann dépose son bilan

Philippe Holzmann, ancien numéro 2 allemand du BTP, a annoncé qu'il allait déposer son bilan aujourd'hui. A 12h30, le directeur financier de Holzmann, Johannes Ohlinger, avait demandé une dernière fois aux banques de s'entendre pour sauver le groupe fondé en 1849 qui emploie 23.000 personnes dans le monde. La Deutsche Bank avait alors annoncé qu'elle injectait 50 millions d'euros pour donner un répit au groupe. Mais, avec 1,5 milliard d'euros de dettes, l'espoir était mince.L'échec des discussions autour du plan de sauvetage de Philipp Holzmann avait été annoncé jeudi matin. Après une suspension d'une heure, le titre avait plongé de 45%, avant de revenir aux alentours de -20%. L'action a une nouvelle fois été suspendue avant l'annonce du dépôt de bilan.Depuis hier, on savait que le plan de sauvetage de l'entreprise, proposé par la Deutsche Bank, était condamné. Ce plan, qui prévoyait la scission du groupe et la reprise de ses activités BTP (lire ci-contre), avait été jugé insuffisant par quatre des 17 établissements bancaires actionnaires et créanciers de Philipp Holzmann.La Commerzbank avait considéré que ce plan "n'était pas porteur". Elle avait été rejointe dans cette opinion par la Dresdner Bank, la Bankgesellschaft Berlin (BGB) et l'Hypovereinsbank. Selon ces établissements, le plan de la Deutsche Bank n'était qu'une solution provisoire, "un raccomodage de trous, qui craquera au plus tard à la mi-avril". Les trois banques, considérant que le groupe n'était plus viable sur le long terme, avaient alors demandé le dépôt de bilan. Hier soir, pourtant, les discussions se poursuivaient et la Deutsche Bank essayait de sauver son projet. Une heure avant la clôture, la Bankgesellschaft Berlin annonçait ainsi qu'elle était prête à "soutenir une solution transitoire". Mais les trois autres établissements n'ont pas suivi cette volte-face de la BGB et sont restés sur leurs positions. L'échec du plan de sauvetage était donc inévitable et a conduit au dépôt de bilan du groupe. L'affaire Holzmann n'est pas terminée avec cette décision. Les conséquences pourraient être importantes en Allemagne. Dans le monde de la finance d'abord, car l'échec du plan de sauvetage est celui de la Deutsche Bank et de son président Rolf Breuer, comme le note déjà le Handelsblatt dans son édition électronique. Déjà, le titre Deutsche Bank s'est écroulé à l'annonce du dépôt de bilan de Holzman. A la clôture, il s'échangeait pour 71,69 euros, en recul de 1,32%.Surtout, les conséquences politiques risquent d'être considérables pour Gerhard Schröder. Le chancelier, candidat à sa propre succession en septembre prochain, avait monté un premier plan de sauvetage de Holzmann en 1999 grâce à 2 milliards d'euros de subventions publiques. Discret jusqu'ici à propos de cette faillite, qui apparaît comme un échec personnel, Gerhard Schröder a appelé ce soir à jouer sur "toutes les possibilités du dépôt de bilan pour maintenir autant d'emplois que possible".L'opposition ne s'y est pourtant pas trompée: ses députés ont éreinté le Chancelier toute la journée. Friedrich Merz, président du groupe parlementaire CDU/CSU au Bundestag, a considéré qu'il s'agissait de la preuve de l'échec de la politique économique du gouvernement. Un autre député a jugé que la politique de l'emploi de Gerhard Schröder était une "escroquerie".Nul doute en tout cas que les 11.000 licenciements qui pourraient résulter de cette faillite en Allemagne pèseront sur une campagne électorale serrée dans laquelle le candidat social-démocrate accuse actuellement un retard de huit points dans les sondages. latribune.f
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